Le diamant victime de l'inflation et des pierres synthétiques
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Certaines catégories de diamants naturels ont vu leur prix chuter ces derniers mois. En cause, le pouvoir d'achat mis à mal par l'inflation et une offre grandissante de diamants synthétiques sur le marché.

Dans les grandes maisons de luxe, le prix des diamants de haute qualité reste à peu près stable, voire se renforce. La catégorie qui voit son prix malmené est celle du diamant sans marque, la pierre générique en quelque sorte. Dans ce créneau, les prix ont baissé de 15 à 30% voire parfois plus depuis le mois de mars.
Première explication : selon un expert de la filière, la baisse de la demande au moment même où les usines de taille en Inde (qui transforment 90% du diamant) avaient acheté de gros volumes de pierres brutes. Sous l'effet des stocks abondants et d'une moindre consommation, le marché a dégringolé. On a ainsi vu, selon l'agence de presse Bloomberg, des diamants vendus il y a un an par le géant De Beers à 1 400 dollars le carat, facturés cet été à 850 dollars le carat. Le phénomène est particulièrement marqué aux États-Unis, qui concentre la moitié des achats de pierres naturelles.
Production « anormalement » élevée de diamants synthétiques
L'autre moteur qui a alimenté la baisse des prix est la production de diamants synthétiques, majoritairement en Chine et en Inde. Les progrès technologiques, la baisse des coûts de production et la politique des usines de tailles indiennes qui cherchent à occuper leurs ouvriers en l'absence de demande de pierres naturelles, expliquent le boom de la production. Un boom qui continue alors même que les prix baissent.
Les prix de gros des pierres synthétiques ont chuté de façon si spectaculaire que des diamants de 2 carats sont aujourd'hui vendus, en gros, à moins de 2 000 dollars, alors qu'une pierre naturelle comparable se vend à 65 000 dollars. Le numéro un De Beers, qui avait lancé sa bague de fiançailles en diamant synthétique au mois de juin, vient d'ailleurs de renoncer à continuer sa production. Raison invoquée : le manque de perspectives commerciales.
Ceux qui tirent profit de cette baisse des pierres synthétiques sont essentiellement les détaillants qui réalisent des marges « monstrueuses » de l'avis d'un expert, pouvant aller jusqu’à 500%, pendant que le consommateur, par manque d'information, pense avoir fait une bonne affaire lorsqu'on lui propose une pierre synthétique à 20 ou 30% de moins qu'une pierre naturelle.
Crise conjoncturelle ?
Dans ce contexte de surabondance de diamants synthétiques, les prix du diamant naturel peut-il durablement être affecté ? Pour l'heure, nos interlocuteurs plaident plutôt pour un redressement dès que l'inflation se tassera et que le marché du synthétique aura trouvé sa juste place. Mais ils n'excluent pas pour autant qu'une catégorie de pierres soit plus durablement touchée.
La baisse des prix du synthétique, elle, semble irrémédiable : la technologie a atteint de tels niveaux ces deux dernières années que les usines sont capables aujourd'hui de produire en grande quantité des diamants de très haute qualité.
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