Chronique des matières premières

Coton: un marché qui manque de vigueur

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Cela fait des mois que le marché du coton avance en plein brouillard, faute de demande des filateurs, qui eux-mêmes n’ont pas de commande de l’industrie textile. De quoi entamer le moral de certains acteurs de la filière.

Faute de consommateurs, l’industrie textile tourne au ralenti depuis des mois. (Image d'illustration)
Faute de consommateurs, l’industrie textile tourne au ralenti depuis des mois. (Image d'illustration) © Issouf Sanogo / AFP
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Un an après leur réunion à Deauville, les acteurs de la filière coton rassemblés la semaine dernière à Monaco, pour leur traditionnel rendez-vous d’octobre, n’ont pas retrouvé beaucoup de couleurs : les achats de coton qui s’étaient considérablement réduits l’année dernière dans le monde restent encore aujourd’hui très bas, même « s’il semble qu’un regain de demande se fasse jour », pour reprendre les mots de Laurent Peyre, le président de l’Association française cotonnière.

Marché sans visibilité

Faute de consommateurs, l’industrie textile tourne au ralenti depuis des mois : entre janvier et juillet, les importations américaines de produit textile en coton ont baissé de 30 % par rapport à l’année dernière. Cette demande en berne affecte tous les fournisseurs, la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Vietnam, comme le Bangladesh. Ces pays filateurs qui font face parfois aussi à d’importantes difficultés économiques.

Ainsi, au Bangladesh, justement, faute d’avoir obtenu leur crédit, certaines usines n’arrivent pas à honorer leurs contrats. C’est-à-dire que du coton de l’ancienne récolte, qu’elles ont commandé à des fournisseurs africains notamment, n’a toujours pas été payé et attend dans les ports d'origine de pouvoir être embarqué. Or garder le coton dans des entrepôts a un coût, des exportateurs ivoiriens et béninois confrontés au problème récemment peuvent en témoigner.

Si le redémarrage de la demande se confirme dans les prochaines semaines, la reprise risque d’être lente, confiait à Monaco un négociant à son fournisseur africain. La tendance est aux commandes fractionnées : un filateur qui achetait auparavant 100 000 tonnes en une fois, préfère désormais acheter des lots de quelques milliers de tonnes, pour répondre à ses besoins immédiats sans faire de stock.

Des égreneurs sur le qui-vive

Face à une demande des filatures toujours hésitante, l’amont de la filière va donc devoir continuer à s’adapter.  En particulier les égreneurs, qui transforment le coton graine, ramassé dans les champs, en fibres de coton. Ils font face à des coûts logistiques et énergétiques qui ont flambé et ont du mal à se réjouir de cours du coton qui oscillent depuis l’été entre 80 et 90 cents la livre (USC).

Leur préoccupation est aujourd’hui d’autant plus grande que la montée en puissance du Brésil sur le marché international du coton va obliger les exportateurs africains à être plus compétitifs dans les prochains mois. Et donc à jouer un peu plus sur leurs marges.

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