Le cacao ghanéen à la recherche de financements
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Contrairement à la Côte d'Ivoire où les fèves sont achetées par des opérateurs privés, le Ghana, deuxième producteur mondial, n'a pas libéralisé sa filière cacao. Mais la crise économique que traverse le pays pourrait changer la donne.

Le Cocobod a toujours résisté : malgré les pressions, l'organisme qui régule la filière au Ghana a tout fait pour garder la main sur l'achat de fèves contrairement aux pratiques en vigueur chez son voisin ivoirien.
Sur le papier, c'est le Cocobod qui achète au planteur et qui revend aux broyeurs et aux exportateurs. L'institution emprunte généralement auprès d'un groupement de banquiers et d'investisseurs à un taux plus faible que n'importe quel acteur pourrait obtenir.
Des prêts plus difficiles à obtenir
Une fois le prêt négocié, le Cocobod n'achète pas physiquement le cacao, mais il octroie des licences à des acheteurs agréés (Licence Buying Compagnies), qui livrent les fèves à la Cocoa Marketing Company (CMC), filiale du Cocobod qui détient le monopole de l’exportation de la totalité des fèves de cacao du Ghana. Autrement dit, l'organisme délègue l'achat de fèves, tout en gardant un droit de regard sur la finalité du produit.
Depuis trois ans la situation économique du Ghana change la donne. Le pays œuvre pour restructurer sa dette et a vu sa côte baisser auprès des organismes financiers. Le « risque pays » étant plus élevé, les modalités d'emprunt se sont durcies et les négociations du Cocobod avec ses partenaires, cet été, ont été plus compliquées que prévues.
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Vers la fin du modèle ghanéen ?
Le Cocobod n'aurait obtenu de ses financeurs habituels que 800 millions de dollars sur les 1,2 milliard qu'il attendait. L'organisme se voit donc exceptionnellement contraint d'emprunter ailleurs et s'est tourné vers les géants du négoce de cacao pour leur demander d'avancer les 400 millions de dollars manquants, selon les informations de l'agence Bloomberg.
L'implication de « traders » dans le financement de la campagne cacao pourrait annoncer les prémices d'une libéralisation à l'ivoirienne, commente un expert. L'année dernière déjà, le Cocobod aurait été contraint de faire appel aux négociants pour compléter ses prêts bancaires, sans que cela n'ait été reconnu officiellement.
Le Cocobod souffre depuis plusieurs années de difficultés financières et peine notamment à payer les compagnies agréées pour l’achat de cacao (LBC), qui le fournissent en fèves après collecte auprès des producteurs.
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