Chronique des matières premières

Les filatures de coton du Bangladesh en crise

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Au Bangladesh, le secteur de la confection n'est pas le seul à être en crise. En amont, l'industrie de la filature est, elle aussi, en grande difficulté, faute de demande.

Coton fraîchement cueilli entre les mains d'un jeune ouvrier agricole. (Image d'illustration)
Coton fraîchement cueilli entre les mains d'un jeune ouvrier agricole. (Image d'illustration) Getty Images - David Clapp
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Cela fait des années que les filatures fleurissent au Bangladesh, un mouvement frénétique lancé à coup d'investissements massifs pour faire des économies d'échelle. Mais cette stratégie s'est heurtée de plein fouet à la pandémie de Covid-19, doublée d'un engouement pour la slow-fashion et pour les vêtements de seconde main.

Aujourd'hui encore, la demande en textile reste « anémiée » pour reprendre les mots d'un expert du secteur et ne semble pas devoir repartir dans l’immédiat « même si les chiffres des exportations américaines demeurent soutenus » précise un négociant en coton. Résultat, faute d'acheteur, le fil se vend mal et depuis des mois les filatures n'achètent que le coton dont elles ont besoin pour faire tourner leurs machines dernière génération.

Beaucoup d'entre elles jouent en ce moment leur survie. Elles doivent maintenir un minimum d'activité pour rembourser les millions de dollars de crédit contractés mais elles peinent à trouver les liquidités nécessaires pour acheter du coton. Pour des raisons de rentabilité, nombre de filateurs produisent d'ailleurs plus de fils synthétiques et de mélanges coton-polyesters.

Inquiétude pour le coton africain

En temps normal, le Bangladesh importe 2 millions de tonnes de coton par an. Aujourd’hui, le pays en achète difficilement un million. Ce constat pourrait affecter l'Afrique, devenue le premier fournisseur du pays en or blanc.

La récente baisse des cours qui a fait redescendre le coton sous la barre des 80 cents la livre est une des rares lueurs d'espoir à laquelle s'accrochent les acteurs de la filière dans le sens où elle pourrait faire repartir la demande. À condition que les acheteurs soient réactifs, ce qui n'est pas toujours le cas. Face à une baisse de prix, certains ont tendance à penser que demain sera toujours plus bas et préfèrent piocher dans leur stock. Ce n'est parfois que quand ces stocks ont fondu qu'ils réagissent et comme ils ne sont pas seuls à repartir aux achats, le mouvement général peut alors provoquer une remontée des cours, qui à son tour, est susceptible d’agir sur la demande.

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