Chronique des matières premières

Ail, raisin, agrumes, avocat… la crise en mer Rouge perturbe les exportations

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Des routes qui s'allongent, des coûts de fret qui grimpent brutalement, la crise en mer Rouge bouleverse le commerce maritime des matières premières. Que ce soit l'ail chinois, l'avocat kenyan ou le raisin indien, les produits frais sont particulièrement touchés. 

Après les attaques menées par les Houthis du Yémen en mer Rouge, des compagnies maritimes évitent le canal de Suez.
Après les attaques menées par les Houthis du Yémen en mer Rouge, des compagnies maritimes évitent le canal de Suez. Joe Raedle/Getty Images/AFP
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Avec la décision des armateurs de réduire ou suspendre, comme l'a annoncé le danois Maersk en fin de semaine dernière, leur trafic via la mer Rouge, la route Asie-Europe a pris du plomb dans l'aile. L'itinéraire alternatif, qui est de contourner l'Afrique, implique dix à vingt jours de voyage en plus, des jours précieux pour les matières premières périssables. Sans parler du surcoût en carburant, engendré par le changement d’itinéraire, qui se répercute sur le prix des conteneurs.

Escales supprimées

Pour l'ail produit en Chine par exemple, l'augmentation est de l'ordre de 100 dollars par tonne, pour une livraison en Europe. Résultat : les commandes d'ail chinois ont connu un pic avant l'entrée en vigueur des nouveaux tarifs annoncés par les armateurs, début janvier, et sont en nette diminution depuis, selon l'exportateur Shandong Xiangsheng cité par le site spécialisé FreshPlaza.

Cette situation tombe aussi mal pour le raisin indien : la récolte a été abondante et pourrait permettre au pays d'augmenter considérablement ses exportations vers l'Europe, à en croire Sagar Deore de Janki Freshyard Private Limited. Un objectif désormais incertain.

En raison de leurs nouvelles contraintes, certaines compagnies maritimes ont par ailleurs supprimé des escales. Les chargements d'avocats kényans et tanzaniens seraient actuellement à l'arrêt, explique l'importateur Capexo. Et l'avocat mexicain, qui aurait pu soulager le marché, risque d'être une fausse solution pour les distributeurs, car très demandé aux États-Unis dans cette période qui précède le Superbowl.

L’Asie, un marché plus compliqué à desservir

Les routes commerciales sont aussi affectées dans le sens Europe-Asie. La crise en mer Rouge notamment tombe mal pour la saison de la poire, car c'est en ce moment où les commandes asiatiques sont au plus haut pour le Nouvel An chinois. Un exportateur belge s'inquiète de devoir dorénavant composer avec des retards de livraison, et espère que la qualité des fruits de cette récolte, leur permettra de supporter dix jours minimum de trajet supplémentaire.

La préoccupation est partagée sur le bassin méditerranéen : « C'est un véritable chaos », résume l’opérateur égyptien Rejoice, pour qui prendre des décisions et des engagements deviennent de plus en plus compliqués. Au vu des difficultés à exporter vers la Malaisie, Hong Kong, Singapour ou encore le Sri Lanka, plusieurs exportateurs d'agrumes, explique-t-il à FreshPlaza, ont dû réorienter leur cargaison vers l'Europe et le Moyen-Orient.

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