Chronique des matières premières

Géopolitique, Chine et El Nino guideront les matières premières en 2024

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Les matières premières sont réputées pour être des caisses de résonnances géopolitiques et ce sera encore vrai en 2024. Leur prix sera encore très influencé par les crises du moment, et les incertitudes climatiques. C'est ce qui ressort des prévisions de Cyclope pour l'année qui commence, rapport qui fait référence dans le domaine.

El Niño, le phénomène climatique qui augmente périodiquement la température des océans, provoquant des sécheresses et des inondations, fait des ravages au Pérou, premier producteur mondial d'huile de poisson à base d'anchois. (Image d'illustration)
El Niño, le phénomène climatique qui augmente périodiquement la température des océans, provoquant des sécheresses et des inondations, fait des ravages au Pérou, premier producteur mondial d'huile de poisson à base d'anchois. (Image d'illustration) AFP - ERNESTO BENAVIDES
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« Si l'on parvient souvent à anticiper l'ordinaire, l'extraordinaire nous échappe », écrivent les auteurs du rapport Cyclope dans leur note publiée cette semaine. En ce début 2024, leur exercice de prévision s'est révélé « bien difficile », concèdent-ils, tant les incertitudes sont nombreuses, sur la scène géopolitique et sur le front du climat, l'autre inconnue étant la reprise économique de la Chine devenue le moteur de nombreux marchés des matières premières. 

À part quelques exceptions, comme le cacao, le sucre, le riz, ou l'or pour les métaux précieux, l'année qui vient de se terminer a été marquée par une baisse des cours sur des marchés excédentaires. La tendance devrait se poursuivre en 2024 selon Cyclope.

Les excédents pèseront encore

L'année s'annonce très mauvaise pour le nickel, par exemple avec une offre toujours supérieure à la demande. C'est aussi la déprime dans la famille des platinoïdes. La disparition programmée des pots catalytiques, ne devrait pas faire repartir la demande en palladium et platine, « 1 000 dollars l’once sera un plafond plus qu’un plancher », selon Cyclope. 

Pour les métaux électriques, cobalt et lithium en tête, les excédents, là aussi, sont tels que les prix ne devraient connaitre qu'un rebond très limité. En cause, une transition énergétique qui n'est pas allée aussi vite que prévu.

Dans ce paysage, seul le cuivre devrait voir avec certitude ses prix s'envoler. Cyclope n'exclut pas le retour à une tonne à 10 000 dollars. Le cuivre est même élu au rang des matières premières les plus stratégiques à venir avec un déficit qui pourrait se faire jour dès cette année. 

Dans le secteur agricole, beaucoup d'inconnues aussi, car El Nino sera toujours l'arbitre d'une partie de la production mondiale. Comme sur les marchés des minerais, l'influence de la Chine, que ce soit par sa production ou ses importations, restera également majeure dans plusieurs filières, celle du maïs et du soja notamment.

L'énergie, le secteur « presque le plus stable »

Le coton affiche des stocks historiquement hauts et ne devrait pas voir ses prix s'envoler tant la demande reste timide. Le prix du blé en revanche pourrait connaitre un léger rebond, alors que ceux du riz resteront élevés jusqu'à ce que l'Inde relance ses exportations.

Le secteur le plus stable, pourrait bien être en 2024 celui des énergies, selon les experts de Cyclope qui font l'hypothèse d'un baril entre 70 et 90 dollars, d'une baisse du prix du charbon et d'un retour à la « normale » pour le gaz naturel « sauf peut-être aux États-Unis, un marché soutenu par l'augmentation en cours des capacités de liquéfaction et donc d'exportation », précise Cyclope.

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