Le karité peut-il profiter de la flambée des prix du cacao?
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Alors que les cours du cacao et du beurre de cacao ont explosé ces derniers mois, les producteurs de karité espèrent en profiter et voir augmenter aussi leurs prix. Les industriels, qui transforment le karité pour le marché agro-alimentaire, sont plus réservés.

La prochaine récolte de karité ne commencera que dans trois mois, mais dans les pays producteurs d'Afrique de l'Ouest – bassin de la production mondiale –, on s'interroge déjà : à quoi vont ressembler les prix en 2024 ? La dernière campagne s'est clôturée fin 2023 sur un goût amer : les prix qui étaient partis très hauts et avaient poussé les femmes à récolter plus de noix de karité, ont finalement chuté. En cause, une désaffection des acheteurs sur la dernière période et aussi d'énormes volumes mis sur le marché qui ne pouvaient que faire baisser la côte du karité.
Des prix très incertains
Du côté des pays producteurs, on espère commencer la campagne mi-2024 avec des prix élevés. Une hausse inévitable selon certains acteurs au vu de l'explosion des cours du beurre de cacao dont la tonne livrée en Europe dépasse les 15 000 euros. Des cours qui entrainent généralement, dans leur sillage le prix de ce qu'on appelle les CBE (Cocoa butter Equivalent), les substituts au beurre de cacao dans lesquels on retrouve le karité sous une forme transformée, la stéarine. 85% du karité exporté est aujourd'hui destiné à l'industrie chocolatière et donc potentiellement sous influence des cours du cacao.
Du côté des industriels qui achètent les noix pour les transformer, on reste prudent sur les prix qui seront proposés aux producteurs. Certains envisagent même une baisse en début de campagne, par rapport aux prix de clôture de 2023.
Un marché peu extensible
Un industriel rappelle que la corrélation entre le prix du beurre de cacao et celui de ses substituts à base de karité a ses limites : d'abord parce que le marché du karité n'est pas régulé contrairement à celui du cacao, et aussi parce que l'utilisation du CBE répond à plusieurs contraintes liées aux recettes et à la règlementation européenne qui font que les volumes consommés et la demande varient peu dans l'industrie agro-alimentaire.
L'incertitude sur les prix des substituts à base de karité, et indirectement sur ceux des amandes de karité, est cette année d'autant plus grande que le nombre d'acheteurs a augmenté et qu'il n'y a plus un seul acteur dominant, faiseur de prix, comme c'était le cas encore il y a deux ou trois ans.
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