Chronique des matières premières

Alimentation pour le bétail: les prix pèsent sur l'élevage

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Déjà très hauts avant la guerre, les prix de l'alimentation pour le bétail à base de grains et de tourteaux ont explosé depuis trois mois. Les coûts de production pèsent de plus en plus sur l'élevage.

En France le coût de l'aliment pour la volaille a augmenté de 30% depuis le début de la guerre en Ukraine. Il avait déjà augmenté de 40 % entre août dernier et février. (Image d'illustration)
En France le coût de l'aliment pour la volaille a augmenté de 30% depuis le début de la guerre en Ukraine. Il avait déjà augmenté de 40 % entre août dernier et février. (Image d'illustration) Scott Olson/Getty Images/AFP
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Le cas espagnol est emblématique de ce qui se passe aujourd’hui sur le marché : le pays est le premier producteur européen de porc et importe 40 % du maïs utilisé dans l’alimentation bétail d’Ukraine. Faute d’approvisionnement, plusieurs élevages ont pris la décision au printemps d’abattre leurs porcelets. Trop incertain et trop cher de les nourrir pendant six mois.

En Allemagne, l’autre gros producteur de porc, les volumes ont chuté de 10 % selon Jean-Paul Simier, économiste de la filière viande. Avec un grain si cher, l’élevage n’est plus rentable. D’autant que l’industrie porcine allemande fait face à d’autres difficultés, notamment de main-d’œuvre.

30 % d’augmentation depuis l’offensive russe

En France, le coût de l’aliment pour la volaille a augmenté de 30 % depuis le début de la guerre. Il avait déjà augmenté de 40 % entre août dernier et février. Et quand on sait que presque les deux tiers du coût de production d’une viande blanche, c’est son alimentation, les calculs sont vite faits.

À la différence des porcs, les volailles grandissent sur un cycle court, elles ne seront donc pas abattues, mais explique un expert Yann Nedelec, directeur d’ANVOL l’Interprofession volaille, certains élevages se mettront en pause, « si la hausse de l’alimentation ne peut pas être répercutée. » Des élevages déjà éprouvés par une vague de grippe aviaire.

Moins de maïs et moins de tourteaux de tournesol

En plus de fournir 15 % du maïs mondial, l’Ukraine était aussi jusque-là un fournisseur incontournable de tourteaux de tournesol à haute teneur en protéine. Selon le rapport Cyclope 2022, ouvrage annuel de référence sur les marchés mondiaux, les élevages européens auraient dû importer 2,3 millions de tonnes de tourteaux ukrainiens et russes pour la campagne 2021/2022. Un volume en partie toujours bloqué.

L’aliment qui ne sera pas exporté pourrait être remplacé temporairement par du soja brésilien. Mais là encore, les prix joueront les arbitres : les cours de soja ont atteint leur plus haut niveau depuis dix ans, la semaine dernière, et vont, eux aussi, peser dans le porte-monnaie des éleveurs.

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