Chronique des matières premières

Uranium: les prix grimpent face aux besoins croissants du nucléaire

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Les programmes nucléaires en cours de développement font grimper les prix de l'uranium. Ils ont augmenté de plus de 18% depuis le début de l'année.

La mine d'uranium à ciel ouvert de Tamgak, au Niger.
La mine d'uranium à ciel ouvert de Tamgak, au Niger. © REUTERS/Joe Penney/File Photo
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La hausse a débuté il y a plus d'un an et se poursuit encore cette année. Les prix spots, c'est-à-dire pour une vente immédiate d'uranium, qui avaient augmenté de 10% en 2022, ont déjà grimpé de plus de 18% entre janvier et août, et dépassent désormais 67 dollars la livre. Les prix pour une vente à long terme, soit la majorité des transactions, ont augmenté de 12% depuis le début de l'année.

La hausse de ces contrats, négociés de gré à gré – l'uranium n'est pas côté à la bourse des métaux de Londres –, va de pair avec la volonté de la Chine, du Japon, des États-Unis ou encore des pays européens de réduire leurs émissions de CO2. Une politique qui s'accompagne d'un agrandissement du parc nucléaire.

Une demande qui pourrait doubler d'ici à 2040

Avec plus d'une vingtaine de réacteurs en construction et plus d'une quarantaine en projets, la Chine est devenue le deuxième consommateur mondial d'uranium derrière les États-Unis, avec une demande évaluée pour 2023 à 11 300 tonnes. « Cette demande qui s'accélère sert notamment à alimenter les stocks de précaution de l'Empire du Milieu », explique un expert du secteur.

Si la production minière est en augmentation, elle reste en deçà des besoins annoncés par l'Association nucléaire mondiale. L'organisation évalue la demande à 65 000 tonnes pour 2023, mais anticipe des besoins deux, voire trois fois plus élevés au moins, à l'horizon 2040. « Cette prévision alimente la hausse des prix, tout comme les tensions au Niger », assure un de nos interlocuteurs, le pays approvisionnant plusieurs pays européens à hauteur d'un quart de leurs besoins avant le coup dernier coup d'État.

La stratégie du Kazakhstan

Cette augmentation s'accompagne également d'une interrogation majeure, selon les auteurs du rapport Cyclope sur les matières premières, celle de la place du Kazakhstan sur l'échiquier géopolitique. L'approvisionnement mondial est en effet très dépendant de ce pays qui a produit 45,2% du total mondial en 2021. « Son président réélu en novembre dernier a réservé sa première visite à Vladimir Poutine avant d'aller rencontrer Emmanuel Macron », rappelle la Lettre Géopolitique de l'Électricité. 

Le pays joue pour l'instant la carte de « la prudence » vis-à-vis de son grand voisin russe. Prudence associée au « libre choix de ses collaborations », relève la lettre d’information. Une posture délicate qui pourrait évoluer, mais qui a jusque-là permis d'assurer la continuité de l'approvisionnement mondial.

À écouter aussiAujourd'hui l'économie: Uranium: le Kazakhstan, une alternative à l’emprise russe ?

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