Crise soudanaise: le marché de la gomme arabique s’adapte
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Le conflit qui a éclaté il y a neuf mois au Soudan a rebattu les cartes du commerce de la gomme d’acacia. Mais malgré les perturbations imposées par les combats, cet ingrédient clé des boissons gazeuses ou encore des chewing-gums continue toujours à être exporté du Soudan.

Comme le Tchad et le Mali, le Soudan est en pleine récolte de gomme arabique depuis le mois de novembre. La production s’annonce bonne en termes de qualité et de quantité et ne devrait donc pas décevoir. Plus que la récolte, l’incertitude concerne aujourd’hui la campagne de commercialisation. Avec une question : à quel rythme la gomme soudanaise va-t-elle pouvoir être acheminée dans le pays pour être exportée ?
Depuis l’éclatement du conflit, le Soudan a réussi à remettre en place un circuit logistique et des systèmes de financement adaptés pour que les flux commerciaux ne soient pas interrompus. « Exportateurs et grossistes ont réimplanté leurs activités hors de Khartoum et d’Omdurman », explique un expert du service agricole N’Kalo.
Exportations fragiles
De janvier à octobre 2023, les exportations de gomme du Soudan vers les quatre premiers importateurs – France, Inde, Usa et Allemagne – n’atteignent pas les niveaux de 2022. La France, premier acheteur au monde de gomme, a notamment vu baisser ses importations de 36% sur les dix premiers mois de l’année, selon N’Kalo qui précise que globalement les niveaux des exportations soudanaises se rapprochent de celles des années 2019, 2020 et 2021.
Ces acquis restent cependant fragiles et très dépendants du conflit. Depuis quelques semaines, « c’est redevenu compliqué » concède un importateur français. En cause, les combats qui ont secoué l’État du Nil blanc et celui d’Al Jazirah, où les Forces de Soutien rapide du général Hemiti ont pris le contrôle de la capitale Wad Madani, ville située sur l’axe routier entre Port Soudan et des zones de production du pays.
Des prix encourageants pour les cueilleurs
Le conflit qui perdure maintient sans surprise des prix hauts qui ont stimulé la cueillette dans les pays voisins et en particulier au Tchad. Si ces derniers jours les cueilleurs sont occupés par la récolte du sorgho local, ils ont été jusque-là très actifs pour ramasser la gomme. À la faveur des difficultés sur le marché soudanais, les exportateurs tchadiens ont réussi à prendre des parts de marchés l’année dernière en Inde, tout comme ceux du Mali et du Sénégal qui ont aussi vendu plus de gomme arabique aux États-Unis.
Aucun risque de pénurie ne se profile donc pour l’instant, résume un autre importateur français qui assure que les acteurs de la filière ont pris toutes les dispositions nécessaires pour diversifier leur approvisionnement.
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