La Chine renforce son emprise sur le commerce mondial d'antimoine
Publié le :
Après le germanium, le gallium, et le graphite, Pékin a durci ses modalités d’exportation d’antimoine depuis le 15 septembre. Le métal gris argenté résistant au feu, aussi prisé par l’industrie automobile que par le secteur de la Défense, a vu, depuis l'annonce mi-août des nouvelles mesures chinoises, ses prix s'enflammer.

Dans la famille des minéraux essentiels, c'est l'antimoine qui est désormais dans le viseur de Pékin. Officiellement, il s'agit de maintenir des prix bas pour les raffineries chinoises. Mais de durcissement des modalités d'exportation est aussi vu comme une réponse de Pékin aux mesures commerciales américaines qui cherchent à empêcher la Chine de prendre le dessus dans la fabrication de puces électroniques haute-technologie.
Résistant à la chaleur et aux flammes, l'antimoine est utilisé dans l'industrie automobile – pour fabriquer plaquettes de frein et batteries au plomb –, dans le secteur des énergies propres – pour améliorer la transparence des verres de protection des cellules solaires et donc leur performance –, et dans celui de la Défense, où il entre dans la compositions d'équipements militaires.
25 000 dollars la tonne
C'est un minerai stratégique à plusieurs titres et c'est ce qui explique l'envolée des prix. Ils avaient déjà presque doublé entre janvier et juillet, en raison d'un déficit mondial. Celui-ci était évalué à 10 000 tonnes au mois de mai, selon le cabinet de conseil Project Blue. « Depuis 2010, la Chine fait face à des difficultés sur le plan minier, avec des réserves et des teneurs en baisse, et des impacts environnementaux importants », précisent les auteurs du rapport Cyclope 2024 sur le matières premières. L'entrée en vigueur des restrictions a continué d'enflammer les cours. Sur le marché spot, ils ont atteint 25 000 dollars la tonne.
La crainte des importateurs, c'est que la décision de la Chine alimente un peu plus le fossé entre l'offre et la demande. Le pays est le plus grand producteur et assure près de la moitié de l'approvisionnement mondial, derrière le Tadjikistan et la Turquie. Il dispose également des plus grosses réserves mondiales d'antimoine prouvées à ce jour, selon l'United States Geological Survey (UGS) et domine aussi le secteur du raffinage.
Des restrictions à l'exportation à l'impact limité
Le stress qui s'est emparé du marché a fait grimper les actions des miniers : selon le Financial Times, celles de Hunan Gold Corporation, l'un des plus gros producteurs d'antimoine, ont gagné 35% cette année. Celles de Perpetua Resources, qui attend la validation d'un nouveau projet de mine d'or et d'antimoine aux États-Unis, ont augmenté à leur plus haut niveau depuis plus de trois ans.
La bonne nouvelle pour tous les acheteurs, c'est que la Chine n'a finalement pas tant limité ses exportations depuis la mise en place de sa dernière politique de restriction sur des minerais critiques en 2023. Selon l'agence Bloomberg, qui s'appuie sur les chiffres des douanes chinoises, les ventes de gallium surtout, mais aussi dans une moindre mesure celles de germanium et de graphite, ont retrouvé des niveaux quasi-normaux.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne