La France mise au défi d'exporter huit millions de tonnes de blé
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Après une année 2024 catastrophique, la production française 2025 devrait se redresser de 30%, selon les estimations d'Argus Media, tout en restant inférieure par rapport à la moyenne calculée entre 2017 et 2023. Une meilleure récolte annonce plus de quantités à exporter, mais la grande question aujourd'hui est de savoir vers quelle destination car le premier exportateur européen doit toujours composer sans l'Algérie et avec une demande chinoise en chute.

La France a appris à se passer de l'Algérie depuis que le pays à commencer à se tourner vers le blé russe en 2020. Mais avec la décision de l'Algérie d'acheter plus de céréales de la mer Noire, l'Hexagone a perdu un acheteur qui absorbait entre deux et cinq millions de tonnes de blé par an.
L'année dernière, l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes, donc presque rien ; mais sur une année de mauvaise récolte française, cela a été moins problématique que ce qui semble se dessiner pour cette année 2025. Au vu du bilan de la production 2025, la France devrait avoir au moins huit millions de tonnes à exporter hors de l'Union européenne, selon l'agence d'information et de conseil Argus Media. Or, les tensions diplomatiques qui persistent ne laissent pas présager une reprise du commerce de blé entre Alger et Paris.
Un autre client est aussi aux abonnés absents : la Chine. Le pays est devenu acheteur juste avant la fermeture progressive du marché algérien, ce qui a permis de compenser en partie les volumes perdus. En 2023, l'empire du Milieu a acheté 2,4 millions de tonnes de blé français, mais l'appétit chinois « est devenu tout petit, voire réduit à zéro », explique Maxence Devillers, analyste de marché chez Argus Media. L'agence prévoit 500 000 tonnes de blé français exporté vers la Chine pour la campagne 2025-2026.
Quelles alternatives à l'export ?
Le Maroc est devenu le premier acheteur de blé français et pourrait en importer 2,5 millions de tonnes cette année, selon Argus Media. La demande devrait venir aussi d'Afrique subsaharienne – 2,4 millions de tonnes – et d'Égypte, qui pourrait importer 900 000 tonnes.
Il y a donc des débouchés, mais l'année s'annonce cependant compliquée. Ce qui ne sera pas vendu et pas consommé sur le marché intérieur sera entreposé. Les prévisions font état de stocks qui pourraient atteindre quatre millions de tonnes en France, un niveau inédit depuis la campagne de 2004-2005.
De belles productions en Roumanie et Bulgarie
Les pays européens restent un débouché pour le blé français, mais avec ses limites. Cette année, près de 6,8 millions de tonnes de la céréale française devraient être écoulées sur le marché communautaire, mais il y a d'autres producteurs qui comptent et qui encombrent le circuit. La production s'annonce par exemple record en Espagne et en Roumanie – 12,2 millions de tonnes – ainsi qu'en Bulgarie, qui pourrait produire 7,7 millions de tonnes de blé. Ces deux derniers pays pourraient à eux seuls représenter la moitié des exportations de blé de l'Europe sur cette campagne, selon l'agence d'information.
Cette abondance de blé en Europe, mais aussi en mer Noire, maintient des prix bas. Les prix du blé à la bourse Euronext se rapprochent de 190 euros la tonne, pour une livraison en décembre, sans perspective de remonter pour l'instant, à moins d'un choc climatique ou géopolitique. Ce cours reste insuffisant pour être rémunérateur pour les producteurs français qui font face, selon Alexandre Willekens d'Argus Media, à un coût de production moyen de 200 euros la tonne.
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