Barry Callebaut, le géant de la transformation cacaoyère, va-t-il se retirer de la Bourse?
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C’est le premier grossiste d'ingrédients de chocolat au monde. Avec ses 60 usines, Barry Callebaut, basé à Zurich, en Suisse, fournit les grandes marques, de Mars à Nestlé, mais aussi les chocolatiers gourmets et les restaurateurs en poudre et en beurre de cacao, en blocs et en liquide de chocolat. Mais ce géant continue d'être fragilisé par la raréfaction de sa matière première, le cacao.

L'industriel du chocolat vient de voir ses perspectives en Bourse dégradées en fin de semaine dernière. La banque allemande Berenberg ne recommande plus d’« acheter » le titre Barry Callebaut mais juste de le « conserver ». L’action, qui ne valait guère plus de 700 francs suisses en avril dernier, est certes remontée à plus de 1000 francs depuis, mais elle devrait plafonner désormais, alors qu'elle valait trois fois plus, il y a quatre ans.
Série de revers
Le groupe zurichois a traversé de grosses turbulences. Une épidémie de salmonelle en 2022 dans sa plus grande usine, en Belgique. Les ateliers de produits chocolatés sont fermés pendant des mois, les clients rationnés. Malgré d’énormes investissements dans la sécurité sanitaire, la réputation du géant du chocolat en prend un coup.
L'année suivante, c'est le départ brutal du PDG, Peter Boone. Un autre Peter, Feld, imposé par la holding de la famille Jakobs, l’actionnaire majoritaire, supprime alors des emplois et des lignes de production, ce qui fragilise encore les relations commerciales.
Dette multipliée par quatre
C’est alors que démarre la folle envolée des cours du cacao, multipliés par quatre l'an dernier, après l’annonce de faibles récoltes en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ce qui quadruple aussi la dette de Barry Callebaut. Le grossiste est pris en étau : il doit emprunter pour continuer d'acheter de plus en plus cher les fèves qui font tourner ses usines. Mais il ne peut plus passer comme d’habitude la hausse à ses clients. Certains annulent même des commandes ou récupèrent la transformation en interne.
Demande de chocolat en berne
Aujourd’hui, même si les cours du cacao ont rebaissé, ils restent deux fois supérieurs à la moyenne des dix dernières années, ce qui fait désormais stagner, voire baisser la demande de chocolat – les grandes marques modifient leurs recettes pour intégrer, par exemple, plus de lécithine de soja.
Dans ce contexte, difficile pour Barry Callebaut de réaliser ses objectifs de croissance. Sa valorisation boursière n'est plus que de 7,5 milliards de dollars, contre 13 milliards il y a trois ans. Ce qui alimente les rumeurs selon lesquelles, rapporte Bloomberg, le grossiste suisse du chocolat pourrait se retirer de la place financière de Zurich.
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