Chronique des matières premières

Pourquoi Pékin joue le premier rôle dans l'augmentation de l'or

Publié le :

Le cours de l’or a atteint un sommet historique, notamment parce que la Banque centrale de Chine a multiplié ses achats. Avec toujours en tête, la volonté de dédollariser un peu l’économie mondiale.

Depuis le mois d'octobre, le cours de l'once d'or a dépassé les 4 000 dollars. (Photo d'illustration)
Depuis le mois d'octobre, le cours de l'once d'or a dépassé les 4 000 dollars. (Photo d'illustration) PAUL J. RICHARDS / AFP
Publicité

L’or a battu tous les records en 2025. Et depuis le mois d'octobre, son cours a dépassé 4 000 dollars l’once. Et ce sont les achats des banques centrales qui ont soutenu la hausse. Que ce soit par exemple la Banque centrale d'Azerbaïdjan ou du Kazakhstan. Mais Pékin est de loin le premier acheteur. La banque centrale chinoise pourrait, selon certaines sources, avoir acheté dix fois plus d’or qu’elle ne l’a officiellement déclaré.

Les analystes de la banque Société générale, interrogés par le Financial Times, estiment que les achats chinois représentent cette année un tiers de la demande mondiale de l'ensemble des banques centrales. Pas moins de 250 tonnes.

Contester le dollar

Le phénomène s’est accéléré depuis 2022 et le gel des avoirs de la banque centrale russe après l'invasion de l'Ukraine. Le but est à la fois de moins dépendre de la justice occidentale et c’est aussi la preuve de la contestation du dollar comme pierre angulaire du système financier mondial. Ces motivations concernent au-delà de la Chine un grand nombre de pays en développement.

L’achat de l’or se fait notamment au détriment des bons du trésor américain. Cela répond à un objectif de dédollarisation des réserves de valeur des banques centrales. Et cela, personne ne veut publiquement l’assumer, surtout avec l’imprévisible Donald Trump à la Maison Blanche. Les banques centrales restent donc discrètes concernant leurs achats. Il y a quatre ans, 90 % d'entre eux étaient rapportés spontanément au Fonds monétaire international (FMI) qui tient les comptes. Aujourd’hui, on estime que seul un tiers des achats est déclaré.

Le Cambodge en pionnier

Pour aller plus loin, la Chine propose même désormais à ses amis de stocker pour leur compte l’or qu’ils achètent. C'est une information rapportée par l’agence Bloomberg en septembre dernier concernant l’or acheté sur la place de Shanghai. Un service historiquement offert à de nombreux pays : l'Angleterre, la Suisse et les États-Unis. Le Cambodge est le premier pays à avoir accepté pour de futurs achats. Son or sera stocké dans la zone économique de Shenzhen (Shenzhen's bonded warehouses).

Pour Pékin, il s’agit tout à la fois de favoriser le développement de sa place financière, d'offrir une alternative aux services occidentaux, et bien sûr au dollar, utilisé partout ailleurs dans le monde pour le commerce de l'or. Pour Phnom Penh, c’est avant tout un geste politique à l’égard de son principal partenaire commercial, qui détient par ailleurs plus de 30 % de la dette du pays.

À lire aussiLa demande pour l'or atteint un record grâce aux investisseurs

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes