Chronique des médias

Le retour de la BBC à la française

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Les syndicats CGT, CFDT, FO et SNJ ont appelé à faire grève et à manifester dans l’audiovisuel public, mardi 28 juin, pour protester contre la suppression de la redevance et depuis peu contre un projet de fusion de France Télévisions, Radio France et France Médias Monde.

Le siège de France Médias Monde à Issy-les-Moulineaux.
Le siège de France Médias Monde à Issy-les-Moulineaux. Anthony Ravera
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Il faut en effet distinguer la suppression de la redevance qui a été annoncée par Emmanuel Macron avant l’élection présidentielle, et qui sera menée tout prochainement, et un plus hypothétique projet de fusion dans l’audiovisuel public. Sur ce projet, qui a été exposé par les sénateurs LR Roger Karoutchi et Jean-Raymond Hugonet dans un récent rapport, l’idée est de reprendre le vieux serpent de mer d’une « BBC à la française » en fusionnant Radio France, France Télévisions, France Médias Monde — donc RFI, France 24 et Monte Carlo Douliya — et l’Institut national de l’audiovisuel. L’idée est de regrouper l’ensemble des rédactions du service public dans une « structure unique » ou encore de développer un « grand média public territorial », en fusionnant la chaîne France 3 et les radios France Bleu sous le nom de France Médias Régions.

Contre un projet de fusion 

Alors, si les appels à la grève de l’intersyndicale de France Télévisions ou de France Médias Monde visent la suppression de la redevance, le syndicat national des journalistes de Radio France se dresse lui contre le projet de fusion. Un projet qui ne semble pas du tout exclu par la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. Et ce d’autant qu’il ne sera pas difficile sur ce sujet d’obtenir une majorité avec LR. « Ce débat aura lieu, a-t-elle déclaré mardi au Parisien. Nous discutons de l’organisation. Et nous verrons si cela doit se faire par une fusion ou par des modalités plus souples permettant de développer les synergies ». Il n’est plus seulement question de discuter de financement pluriannuel ou même de garanties pour éviter les baisses de crédits. Il s’agit de voir quelle sera l’organisation commune à tout l’audiovisuel public, à l’exception d’Arte et de TV5 qui dépendent de traités internationaux.

Les limites d'une fusion

C’est vrai que la BBC, même si elle est un peu en crise, est un modèle attrayant, notamment pour avoir une offre commune, donc puissante, sur le numérique. Mais la patronne de Radio France, Sibyle Veil, y voit aussi des limites. Tout en étant favorable à plus de rapprochement entre France 3 et France Bleu, comme il y en a sur les matinales, elle rappelle dans Le Figaro que « ce n’est pas Radio France qui va aider France Télévisions à résister à Netflix, ni France Télévisions qui nous aiderait face à Spotify ». Et si le gouvernement cherche à rapprocher les entreprises pour faire des économies, ce n’est pas forcément un bon calcul puisqu’un conglomérat alignerait vers le haut les conventions sociales. Pour l’audiovisuel extérieur, enfin, il est difficile d’imaginer qu’un groupe unique serait davantage susceptible de préserver le développement de France 24 ou RFI qu’une présidence dédiée. Que pèse l’étranger face à aux priorités nationales ? 

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