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Allemagne: Armin Laschet, le «nouvel Angela Merkel» ?

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Au mois de septembre, la chancelière allemande Angela Merkel va quitter ses fonctions, après 16 années de pouvoir. Son parti, la puissante alliance conservatrice CDU/CSU, vient de désigner son successeur. Il s'appelle Armin Laschet et c'est lui qui sera le candidat des conservateurs aux élections fédérales. Modéré, comme Angela Merkel, il va devoir se faire un nom et ranimer la flamme chez un électorat qui a soif de changement.

Armin Laschet, lors d'une conférence de presse organisée le 20 avril 2021 à Berlin.
Armin Laschet, lors d'une conférence de presse organisée le 20 avril 2021 à Berlin. © AFP/John MacDougall
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Dès qu’il s’est engagé dans la bataille, les peaux de banane ont fusé. Trop gentil, trop mou, trop libéral, trop modéré…  Il suffisait de lire les sondages : les sympathisants conservateurs voulaient un dur et Armin Laschet n’avait pas les tripes pour briguer le poste de chancelier.

Sauf que ce n’est pas l’opinion qui fait l’élection. C’est le comité directeur de la CDU qui a le dernier mot et Laschet s’est mis les caciques de son parti dans la poche grâce, justement, à son profil très consensuel, souligne la chercheuse Isabelle Bourgeois, qui dirige le centre de réflexion Tandem Europe.

« Il n'est pas nouveau en politique, loin de là. C'est le chef de gouvernement du plus grand Land allemand, la Rhénanie du Nord-Westphalie, c'est presque l'équivalent des Pays-Bas en poids économique. Et ce qui est le plus important : il a fait la preuve, au fil de sa vie professionnelle de politique, de sa capacité à créer des compromis », explique Isabelle Bourgeois. « Or ce qui se profile à l'horizon pour les élections du Bundestag, c'est une coalition avec au moins deux, voire trois partis. Vous auriez la CDU, les Verts et le FDP (les libéraux). Laschet est parfaitement capable de gérer cela. En fait, il ressemble à Angela Merkel », dit-elle.

► À lire aussi : Que restera-t-il d’Angela Merkel en 2021, après 16 ans à la tête de l’Allemagne?

Angela Merkel, Armin Laschet, même combat ?

On l’a beaucoup entendue, cette comparaison. Choisir Laschet, ce serait faire du vieux avec du neuf. Ce petit homme rond à lunettes, fervent catholique et père de trois enfants, ne serait qu’une réplique bon marché de la chancelière sortante.

Alors, Angela Merkel, Armin Laschet, même combat ? Pas du tout, répond l’eurodéputé allemand Michael Gahler. Oui, ils partagent les mêmes idéaux, mais ils ne sont pas faits du même bois.

« Angela Merkel n'avait pas une socialisation politique naturelle. Elle est entrée à 35 ans avec la chute du Mur et elle est arrivée de zéro pas de parti, pas de formation politique. Elle a commencé au plus haut niveau fédéral et européen », rappelle Michael Gahler. Puis, il ajoute : « Armin, c'est l'opposé, il est très enraciné dans le parti. Les conseils de Merkel étaient des technocrates et avec Armin, c'était des amis du parti, des gens qui regardaient ça politiquement, et non administrativement. C'est à mon avis la grande différence entre Merkel et Laschet. »

Reconquérir l'électorat qui s'est détourné de Merkel

La méthode Laschet va devoir faire ses preuves très vite. D’ici les élections, au mois de septembre, il faut que l’alliance CDU/CSU remobilise ses troupes et rattrape par le col l’électorat conservateur qui s’est détourné d’Angela Merkel. Une classe aisée, jeune et urbaine prête à se laisser séduire par les Verts allemands. Sur ce thème, Armin Laschet et Michael Gahler ont déjà préparé leurs fiches techniques.

« On va attaquer les Verts dans leurs illusions. On va réduire le CO2 à 55% jusqu'à 2030. Ça va, on va le soutenir. Mais ce sont les Verts qui demandent encore plus et risquer, par cela, la base industrielle allemande. On le surnomme le “Verbot Partei”, le parti de prohibition, le parti d'interdiction. On va dire aux gens “c'est bien de s'occuper de l'environnement, mais il ne faut pas exagérer », explique Michael Gahler

Armin Laschet a été désigné pour ça : revenir aux fondamentaux de la démocratie chrétienne émoussés par des années de coalition avec les sociaux-démocrates. S’il y parvient, il a de fortes chances de se glisser dans le costume de chancelier.

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