Européen de la semaine

Illia Zabarnyi, défenseur central du PSG et porte-drapeau de l’Ukraine

Publié le :

Il est devenu l’un des visages de l’Ukraine à l’étranger. Illia Zabarnyi est non seulement capitaine de l’équipe nationale, mais aussi l’un des piliers de la défense parisienne. Après son transfert au PSG cet été, le footballeur espère réaliser l’exploit en qualifiant son pays pour le Mondial de football. 

Le défenseur ukrainien du Paris Saint-Germain Illia Zabarnyi célèbre son premier but lors du match de football de Ligue 1 face à Auxerre au Parc des Princes à Paris le 27 septembre 2025.
Le défenseur ukrainien du Paris Saint-Germain Illia Zabarnyi célèbre son premier but lors du match de football de Ligue 1 face à Auxerre au Parc des Princes à Paris le 27 septembre 2025. AFP - FRANCK FIFE
Publicité

Illia Zabarnyi a seulement 22 ans, mais déjà plusieurs vies derrière lui. Celle d’un adolescent qui grandit dans un pays menacé par la Russie – il a douze ans en 2014 lorsqu’il voit débarquer les réfugiés de Crimée ou du Donbass. Celle d’un gamin d’une banlieue déshéritée de Kiev qui rêve de ballon rond, de crampons et de gloire… sur les terrains de football.  « Il a grandi dans un quartier un peu difficile de Kiev appelé Troyeshchyna, raconte le journaliste anglo-ukrainien Andrew Todos. Ses parents travaillaient très dur et ils vivaient dans des conditions assez modestes, dormant dans la même pièce pour économiser un peu d’argent. Mais malgré tout, il allait s’entraîner tous les jours au foot et il a commencé assez jeune à jouer pour des équipes du quartier… Il est repéré par l’Académie du Dynamo de Kiev, et il fait très vite ses débuts dans l’équipe pro, à 18 ans. Depuis, il n’a cessé de progresser jusqu’à jouer aujourd’hui pour les Champions d’Europe ! »

« J’ai pensé à m’engager »

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022 ne détourne pas le jeune joueur de son objectif. Même si, de son propre aveu, il envisage de renoncer à son rêve et de prendre les armes. « Je me suis demandé : que puis-je faire de mieux pour mon pays ? J’ai pensé à m’engager » a-t-il confié en mars 2024 au Times. « Mais je dois jouer, car les Ukrainiens ont besoin que je parle au monde ». Un rôle de représentant que le jeune joueur assume avec beaucoup de conviction, sur les réseaux sociaux, dans les médias… et sur les terrains. « C’est un immense ambassadeur de l’Ukraine dans le monde, et c’est quelque chose dont l’Ukraine a besoin, pointe Andrew Todos. Quand il joue pour l’une des plus grandes équipes du monde, quand il marque des buts, quand il brille en Ligue des champions — tout cela contribue à maintenir l’Ukraine présente dans les esprits, notamment auprès d’un public qui ne suit pas forcément l’actualité de près. »  Dans ses interviews, Illya Zabarnyi n’évite pas le sujet et parle de la guerre, de ses amis, de sa famille restée à Kiev. Avec d’autres joueurs ukrainiens expatriés, il finance également des achats de drones et vient en aide à plusieurs familles de supporters tués au combat.

« I Wanna Dance With Zabarnyi »

En janvier 2023, le joueur quitte l’Ukraine pour une première expérience à l’étranger, à Bournemouth en Angleterre.  Les « Cherries », supporters de Bournemouth, ont tôt fait de l’adopter et de lui dédier l’un de ces hymnes dont les stades anglais ont le secret – « I Wanna Dance With Zabarnyi »emprunté à Whitney Houston. Devenu l’un des meilleurs défenseurs du championnat anglais, remarqué par le PSG, il est transféré cet été pour 66 millions d’euros dans le club francilien. Problème, il doit y côtoyer durant les entraînements le gardien remplaçant Matvey Safonov, de nationalité russe. Pour éteindre la polémique en Ukraine, il s’engage à limiter au strict minimum ses relations avec le gardien : « Les Russes sont des agresseurs qui tentent en vain de détruire la liberté et l’indépendance de l’Ukraine… la guerre continue et je n’entretiens aucune relation avec les Russes », déclare-t-il dans un entretien accordé à la télévision ukrainienne. La controverse ne l’empêche pas de très vite s’imposer sur le terrain. Après quelques matches de Ligue 1 (et un but face à Auxerre le 27 septembre) il s’illustre lors d’une première rencontre en Ligue des champions, face à Barcelone, le 1er octobre dernier. À la fois technique et véloce, il séduit par son sens du jeu… « Il est bon dans les duels et dans la gestion de l’espace, apprécie, en connaisseur, l’ancien joueur du PSG Eric Rabesandratana, qui a occupé lui aussi le poste de défenseur central. « Il a un gabarit plutôt intéressant (1,89 m pour 83  kg), mais il n’est pas encore assez performant avec son jeu de tête, nuance-t-il. Il manque encore un peu de détermination, mais bien sûr, il lui faut un temps d’adaptation ! »

Moment d’unité nationale

Avec le PSG, Ilia Zabarnyi va connaître les frissons de la Ligue des champions – mais une autre échéance majeure va motiver encore plus le jeune joueur dans les semaines et les mois qui viennent. Avec un rêve, celui de qualifier l'Ukraine pour la Coupe du monde qui sera organisée l’année prochaine en Amérique du Nord. Une première depuis 2006 (dernière et unique participation de l'Ukraine pour une phase finale de Coupe du Monde) et un véritable exploit pour une équipe dont le pays est en guerre. Obligés de s’entraîner en Pologne et de jouer tous leurs matchs hors d’Ukraine, les footballeurs ukrainiens parviennent malgré tout à entretenir cet espoir puisqu’ils sont deuxièmes de leur groupe derrière la France. « Chaque match de l’équipe nationale est un moment d’unité et de ferveur pour les Ukrainiens qui suivent les qualifications en temps de guerre, souligne le journaliste Andrew Todos. Plusieurs de mes amis ont suivi le match contre l’Islande (victoire 5 buts à 3 de l’Ukraine, le 10 octobre) sur leur téléphone à la lueur d’une bougie – parce qu’il n’y avait plus de courant à cause des bombardements russes. Donc, quoi qu’il arrive, les gens essaient de suivre l'équipe nationale. Le temps d’un match, cela leur permet d’oublier ce qui se passe autour d’eux… Et lorsque l'Ukraine gagne, et surtout dans ce cas, ce sont des émotions qui font beaucoup de bien au moral. »

Suivez nos dernières infos, reportages et émissions sur l'Ukraine

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes