Européen de la semaine

Catherine Connolly, une activiste de gauche élue présidente d’Irlande

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La nouvelle présidente de la République d'Irlande a été élue la semaine dernière. Catherine Connolly, candidate indépendante, soutenue par tous les partis de gauche, a obtenu plus de 63% des voix. Une victoire écrasante pour une candidate radicalement de gauche.     

Catherine Connolly a été élue présidente de la République d'Irlande samedi 25 octobre 2025.
Catherine Connolly a été élue présidente de la République d'Irlande samedi 25 octobre 2025. REUTERS - Clodagh Kilcoyne
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Catherine Connolly, une ancienne avocate de 68 ans, est originaire de la banlieue de Galway, à l'ouest du pays. Elle naît dans une famille de quatorze enfants. Son entrée en politique se fait d'abord sous la bannière du Parti travailliste, qu'elle quitte pour devenir indépendante. Députée de la circonscription de Galway-Ouest depuis 2016, son profil surprend dans le paysage politique irlandais. « Elle est sans doute la députée irlandaise la plus à gauche, explique Gary Murphy, professeur de sciences politiques à l'université de Dublin, une indépendante avec un sacré passif d’activisme de gauche, qui a passé sa carrière dans l'opposition, et n'a jamais cherché à rejoindre une coalition gouvernementale. »

Lors de l'élection, elle a obtenu plus de 63% des suffrages. Loin derrière elle, sa seule rivale, Heather Humphreys, du parti de centre droit le Fine Gael, a obtenu un peu moins de 30% des voix. Une victoire surprenante, car avant l'élection, Catherine Connolly était une personnalité politique de second plan. « Elle a un ancrage local dans la circonscription de Galway, indique Gary Murphy. Mais sur la scène nationale, avant l'élection présidentielle, elle était vue comme une figure politique marginale, elle n'avait pas un profil très connu, très public. Quand elle a annoncé sa candidature en juillet dernier, beaucoup de personnes, et j'en fais partie, étaient sceptiques. »

Une candidate dissidente

Un des éléments pour comprendre la victoire de cette figure politique de second plan est en partie sa position de dissidente. Catherine Connolly ne porte pas de bilan. Face à elle, sa rivale, Heather Humphreys, était membre du gouvernement actuel, un gouvernement impopulaire.

« Humphreys, c'est une femme politique avec cette prudence, voire certaines fois une langue de bois, qui ne suscite pas d'intérêt particulier », décrypte Christophe Gillissen, professeur d’études irlandaises à l’université de Caen Normandie. « Donc le contraste avec Connolly, qui défend des positions sur l'environnement, c'est devenu quelque chose de très largement accepté malgré tout, mais le fait qu'elle le défende depuis longtemps, et avec sincérité, le fait qu'elle croit en certaines causes, ont montré qu'il y avait là une vraie personne et pas une apparatchik, si j’ose dire », ajoute-t-il.

Catherine Connolly a également bénéficié d'une union de tous les partis de gauche, notamment du Sinn Féin, le parti qui promeut la réunification de l'Irlande, et une des forces politiques les plus importantes du pays.

Des positions radicales en matière de politique étrangère

Durant sa campagne, Catherine Connolly a défendu l'idée de l'Irlande comme une terre d'opportunités et d’accueil pour les migrants. Elle a aussi déploré les politiques du logement du gouvernement, un secteur en crise dans le pays. Mais elle s'est surtout illustrée par ses déclarations radicales en matière de politique étrangère. Elle a dénoncé le génocide à Gaza. « Elle a dressé un parallèle entre la militarisation de l'Allemagne actuelle et celle qui a eu lieu dans les années 1930, elle a critiqué l'invasion russe en Ukraine, mais elle a dans le même temps critiqué le déploiement de troupes de l'Otan en Europe de l'Est, liste Gary Murphy de l’université de la ville de Dublin. Ses opinions ne sont pas les plus communes. »

Catherine Connolly a été durant sa campagne une candidate de rupture, qui a suscité de l'espoir, en particulier chez les jeunes Irlandais. Mais la fonction présidentielle est essentiellement symbolique en Irlande. Catherine Connolly accueillera des dirigeants étrangers lors des visites officielles, elle prononcera des discours qui résonneront sans doute chez ses sympathisants, mais elle n'aura pas de pouvoir exécutif.

Elle a promis d'être la présidente de tous les Irlandais, qu'ils aient voté pour elle, ou non. C’est sans doute là que réside sa tâche la plus importante. L’Irlande est extrêmement divisée, et l’abstention a atteint presque 55% la semaine dernière.

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