Rishi Sunak, le banquier qui veut ramener le calme au 10 Downing Street
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Le 5 septembre, nous saurons qui de Liz Truss ou de Rishi Sunak remplacera Boris Johnson au poste de Premier ministre du Royaume-Uni. Les membres du parti conservateur doivent choisir entre l’actuelle cheffe de la diplomatie et le désormais ex-ministre des Finances. Ce jeune banquier, arrivé à Westminster en 2015, a connu une ascension fulgurante.

Tout au long de ces semaines de campagne, Rishi Sunak a eu un objectif : mettre en avant ses compétences en matière d’économie. Dès le premier débat face à Liz Truss, l’ancien banquier de Goldman Sachs, âgé de 42 ans, a interrompu sa concurrente pour la corriger sur de nombreux points de son programme.
Si la cheffe de la diplomatie britannique promet de remettre de l’argent « dans la poche des travailleurs britanniques », Rishi Sunak lui rappelle qu’il faudra payer la facture de la pandémie de Covid-19 : « Nous savions tous qu'il y aurait une facture à payer pour cela. La question est donc de savoir si nous devons payer cette facture nous-mêmes ou si nous devons la mettre sur la carte de crédit du pays et en faire supporter la charge à nos enfants et petits-enfants. » Ce qui serait injuste, selon lui.
Une ascension fulgurante
Rishi Sunak est relativement nouveau dans le champ politique britannique. Député en 2015, puis secrétaire en chef du Trésor dès 2019, il a été nommé ministre des Finances l’année d’après. Selon Aurélien Antoine, professeur de droit public, spécialiste des institutions britanniques et directeur de l’observatoire du Brexit, Rishi Sunak « s’affirme dans le paysage politique britannique depuis quelques années seulement. Particulièrement dans sa gestion budgétaire de la pandémie. »
Face à la pandémie, l’ex-banquier a temporairement rompu avec le principe conservateur du marché libre, mais Aurélien Antoine promet qu’il n’est pas non plus révolutionnaire : « C’est un conservateur assez classique, dans ses positions, il est plutôt pour le maintien des impôts et des prélèvements pour faire face aux différentes crises. »
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Moins excentrique que Boris Johnson, Rishi Sunak se démarque également de sa rivale : « Il est plus classique que Liz Truss qui a un parcours plus chaotique, moins cohérent », observe Aurélien Antoine. Son passé professionnel le classe bien sûr parmi les plus néolibéraux du parti, « quand on travaille à Goldman Sachs évidemment… », sourit le spécialiste des institutions britanniques.
Pour Simon Usherwood, professeur de sciences politiques à l’Open University, en revanche, les décisions politiques de Sunak ne devraient pas radicalement changer par rapport à celles de son potentiel prédécesseur : « Les finances du pays ne sont pas en forme. Il y a beaucoup de contraintes et de défis, que ce soit sur le coût de la vie, la guerre en Ukraine ou les effets du Brexit. Tout cela laisse très peu de place à une politique innovante. »
Un député fortuné
Son passé dans la finance le placerait parmi les plus riches députés du Royaume-Uni. Une situation qui ne lui est pas forcément favorable vis-à-vis de l’opposition et des Britanniques. Surtout qu’un mini-scandale autour de la situation financière de sa femme a placé l’ex-ministre des Finances dans une fâcheuse posture, selon Aurélien Antoine : « Ils se demandent s’il n’a pas bénéficié de placement dans les paradis fiscaux. »
Si Rishi Sunak a d’abord renvoyé une image de sérieux et de stabilité, cette prestance s’est plus ou moins estompée au fil de la campagne. Désireux de se montrer au contact de ces concitoyens, Rishi Sunak a été pris en photo en train de faire le plein à la station-service, en train de commander au McDonald’s… Mais rapidement, les Britanniques se sont rendus compte de la supercherie. La voiture dans laquelle il mettait de l’essence était une voiture empruntée à un employé de la station et dans le fast-food, Rishi Sunak tentait de payer avec sa carte bancaire, en sans-contact, une commande déjà payée… Il a d’ailleurs affirmé qu’il adorait prendre un wrap dans cette chaine de restaurant au petit-déjeuner, sandwich qui n’existe pourtant plus depuis deux ans.
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Mais face à Liz Truss, le natif de Southampton, originaire d’Inde, a tout de même la côte pour l’ensemble des Britanniques, selon les sondages You Gov. Mais ce sont les membres du parti conservateur qui éliront leur chef.
Eux, donneraient leurs faveurs à Liz Truss. Ils n'ont pas l'air d'avoir pardonné à Rishi Sunak sa démission, qui a précipité la chute du gouvernement de Boris Johnson. L’ex-Premier ministre semble d’ailleurs refuser d’adresser la parole à son ex-chancelier de l’Échiquier. De quoi fâcher tous ceux qui supportent BoJo avec celui qui espère, malgré son retard dans la course, pousser la porte du 10 Downing Street.
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