Ulf Kristersson, un équilibriste à la tête de la Suède
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En Suède, après les élections législatives, le conservateur Ulf Kristersson a été chargé de former un gouvernement. Son parti, les Modérés, est arrivé troisième derrière les sociaux-démocrates et le parti d'extrême droite, les Démocrates de Suède. Il s'impose cependant comme le seul capable de constituer une coalition majoritaire au Parlement et donc un gouvernement. Portrait.

Mercredi 14 septembre, à l'annonce des résultats des législatives, Ulf Kristersson, chef du parti conservateur les Modérés, publie une vidéo sur les réseaux sociaux. Chemise bleu clair sur fond gris, lunettes métalliques et mèche peignée sur le côté, la figure historique de l’opposition au gouvernement socialiste appelle calmement, sans foule ni musique, au rassemblement.
« Je commence dès maintenant à travailler à la formation d'un nouveau gouvernement effectif. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour réunir les soutiens nécessaires pour mener les réformes politiques indispensables à la résolution de la crise actuelle. »
La sérénité qui se dégage de ce discours correspond aux souvenirs de Wictor Wallenius. L’étudiant a grandi avec cette figure politique. « À 6 ans, je me suis endormi sur ses genoux lors d’un dîner auquel j’étais venu avec ma mère. Elle a toujours été engagée politiquement. » Plus tard, alors lui-même engagé auprès des conservateurs, le jeune homme échange avec le chef du parti. « Il est vraiment très sympa et très professionnel, un chic type. »
Mais de là à le décrire comme un leader charismatique...
« Disons que ça dépend, répond Wictor Wallenius en souriant. Il est un peu inconsistant dans sa manière de s'exprimer, d'agir, sa communication non verbale. C'est son principal problème. Mais il peut aussi être très bon et je pense qu'il sera un bon Premier ministre. Finalement, tout dépend de sa capacité à négocier avec les Démocrates de Suède. »
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Il lui faudra en effet faire preuve persuasion. Pour conserver la majorité, Ulf Kristersson doit contenter le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède, mais également les autres partis de droite : les Libéraux, les Chrétiens-démocrates et même le parti du Centre. Le chercheur Cyril Coulet suit de près les tractations. Pour l’instant, aucune information concrète n’a été annoncé.
« Il est possible que les Démocrates de Suèdes ne fassent pas partie du gouvernement, avance Cyril Coulet. Les libéraux et le parti du Centre y sont opposés. Les Démocrates de Suède pourraient négocier le vote au Parlement de certaines politiques en échange de leur place au gouvernement. Cela leur permettrait en plus de participer aux politiques du pays sans être en première ligne », note encore le chercheur.
Les négociations pourraient durer encore plusieurs semaines. Mais ce n'est pas le premier défi que tente de relever Ulf Kristersson. La lutte, il connaît, les échecs aussi, à en croire le porte-parole de la jeunesse sociale-démocrate, Youbert Aziz : « Jusqu'à présent, il était le perpétuel perdant de la politique suédoise. Il a perdu au quatre dernières élections face au socialiste Stefan Löfven. Cette fois-ci, son parti est arrivé troisième. Il devrait maintenant devenir Premier ministre, mais en réalité son parti a perdu des électeurs durant ces élections. Le seul parti qui en ait gagné, ce sont les Démocrates de Suède. Et il y a quelques années seulement, Ulf Kristersson disait qu'il ne fallait pas coopérer avec eux. »
Pourtant, cette année, lors d'une campagne concentrée sur la sécurité et l’immigration, Ulf Kristersson a même fini par reprendre des idées des Démocrates de Suède. Pure stratégie ou réelle conviction politique ? « Quoi qu’il en soit, le parti conservateur s’est rapproché de l’extrême droite, observe le chercheurCyril Coulet. Un pas a été franchi lorsqu’ils ont choisi de mener ouvertement campagne aux côtés des Démocrates de Suède. Il peut y avoir de l’opportunisme à cela, bien sûr, mais à partir du moment où vous reprenez les thématiques de l’autre, il y a une droitisation de fait qui se fait. »
Les Suédois attendent maintenant de connaître l'équilibre trouvé et défendu par Ulf Kristersson à travers son gouvernement et les politiques qu'il défendra.
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