Invité Afrique

Au Sénégal, Khalifa Sall, ancien maire de Dakar: «Je serai candidat à la présidentielle de 2024»

Publié le :

Il s’était fait discret depuis sa sortie de prison fin septembre 2019. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, condamné pour escroquerie sur les deniers publics, revient sur le devant de la scène politique sénégalaise. En perspective : les élections locales du 23 janvier, avec la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Et au-delà, la présidentielle de 2024. Khalifa Sall est l’invité et Charlotte Idrac (RFI) et Marc Perelman (France 24).

L'opposant sénégalais et ancien maire de Dakar Khalifa Sall.
L'opposant sénégalais et ancien maire de Dakar Khalifa Sall. © RFI / France 24
Publicité

RFI : le 23 janvier doivent se tenir -normalement- des élections locales, ce sont les premières élections depuis la réélection de Macky Sall en 2019, est-ce qu’à vos yeux c’est déjà une sorte de répétition générale, de premier tour si j’ose dire, de l’élection à venir en 2024 ?

Khalifa Sall : Beaucoup de gens le disent, le clament, je n’en fais pas partie, je pense que c’est des élections locales. Par contre, ces élections sont essentielles pour déterminer le devenir du cours démocratique de notre pays. Il nous faudra battre le président Macky Sall et sa majorité, pour le dissuader définitivement de se présenter pour un troisième mandat.

Le climat pré-électoral est crispé, il y a déjà eu des incidents, est-ce que vous craignez une escalade, des violences comme celles du mois de mars dernier ?

On ne peut rien exclure, parce que la violence n’est pas le fait de l’opposition, c’est le pouvoir actuel qui use de la violence, la violence n’est pas que physique, la violence elle est politique, la violence est juridique et judiciaire, la violence est dans ce harcèlement permanent dont font l’objet les opposants, la violence est dans la violation des textes, nous sommes obligés de résister.

Justement, les représentants des confréries musulmanes ont proposé une charte de la non-violence, Ousmane Sonko a refusé de signer cette charte, qu’est-ce que vous pensez de cette initiative ?

Cette initiative nous la louons. Ce que nous lui reprochons, c’est que le premier à user de la violence, c’est le gouvernement. Il fallait préalablement aller voir monsieur le président de République, lui parler, et ensuite qu’il s’engage afin qu’en dernier l’opposition puisse venir à la table des discussions, nous n’avons jamais refusé de discuter, la preuve, nous avons reçu cette délégation.

Oui mais concrètement, quel message vous lancez à vos militants, à vos partisans ? Si ça venait à déraper de nouveau, ça serait œil pour œil, dent pour dent?

Qu’est-ce que vous appelez déraper à nouveau ? Aujourd’hui dans le processus électoral, ce que vous constate ce sont nos droits qui sont bafoués, ce sont nos listes qui sont écartées, ce sont nos candidats qui sont mis de côté. Vous pensez vraiment que les responsables de Benno Bokk Yakaar sont mieux outillés que nous pour faire les listes électorales, et qu’il n’y ait eu aucun rejet de Benno Bokk Yakaar dans les 600 et quelques collectivités locales en lice, vous pensez ça normal ? Ils ont bénéficié de l’aide des autorités territoriales, aucune liste de Benno Bokk Yakaar n’été rejetée.

Les élections vont être truquées ?

Pour l’instant oui, nous pouvons le subodorer, et vous savez pourquoi ? Je vous ai parlé de violence, mais surtout de violation des textes, nous sommes à moins de 50 jours du scrutin, nous ne savons rien du fichier électoral, alors que nous savons par expérience depuis 2012 que ce gouvernement est en place, le fichier électoral est manipulé, nous le savons !

Un boycott est-il envisageable ?

Pas du tout. On s’opposera, on se battra pour qu’on ne nous vole pas notre victoire.

Macky Sall, est-ce que d’après vous, il veut faire un nouveau mandat présidentiel ? Les élections je le rappelle sont prévues en janvier 2024.

Il faut aller lui poser la question.

Est-ce qu’il en a le droit à vos yeux ?

Non, c’est le président lui-même qui a dit que nul ne peut faire plus de deux mandats.

Les Sénégalais vont l’accepter s’il le fait ?

Jamais, il n’en est même pas question.

Vous avez été condamné en 2018 à 5 ans de prison, pour détournement de fonds publics, ce que vous avez toujours nié. Vous avez été gracié par le président Macky Sall en 2019, est-ce que vous avez demandé une amnistie au président Macky Sall ?

Je n’avais pas demandé pour aller en prison, je n’avais pas demandé pour sortir de prison, je n’ai pas demandé une amnistie.

Est-ce qu’il y a des pourparlers entre vous et le président pour que ça arrive ?

Pas à ma connaissance.

Est-ce que vous êtes en contact avec Karim Wade ? On sait qu’il a des problèmes, pas exactement les mêmes, pour essayer justement d’obtenir une faveur.

Oui, on échange mais c’est une question qui pour nous deux n’est même pas à l’ordre du jour à ma connaissance. Mes droits politiques …. je vis cette situation politique de manière politique, je me battrai de manière politique pour les recouvrer.

Est-ce que vous espérez pouvoir être candidat à la présidentielle de 2024 ?

Inch’allah, je serais candidat en 2024.

Est-ce que vous pensez qu’il y aura un candidat unique, ou vous seriez pour un candidat unique de l’opposition en 2024 ?

Notre coalition Yewwi Askan Wi, cette coalition de l’espoir, a décidé d’aller ensemble pour les élections locales, elle a décidé d’aller ensemble pour les législatives. Nous gouvernerons ensemble et pour la présidentielle, c’est la plus pluralité qui est préconisée.

 

Vous pourriez être candidat, Ousmane Sonko pourrait être candidat ?

 

Oui, c’est préconisé, tous les candidats se battront et le mieux placé dans Yewwi a le soutien total de tout le monde.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes