Journal d'Haïti et des Amériques

Haïti: «L’urgence encore de mise au niveau du système éducatif» (Série 5/5)

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Dernier épisode de cette semaine spéciale, six mois après le séisme de magnitude 7,2 qui a fait 2 200 morts. Dans les zones sinistrées, l’accès aux soins et à l’éducation reste très difficile.

Les Cayes (Haïti), après le séisme du 14 août 2021 qui a touché le pays faisant plus de 2 200  morts.
Les Cayes (Haïti), après le séisme du 14 août 2021 qui a touché le pays faisant plus de 2 200 morts. © STANLEY LOUIS/AFP
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Trois écoles sur quatre ont été détruites dans les zones touchées par le séisme. Six mois après, la reconstruction n’a pas vraiment commencé, remarque Nesmy Manigat, ministre de l’Éducation, interrogé par Amélie Baron : « Le gros du travail n’a pas encore vraiment démarré. On est encore dans l’urgence, par rapport au système éducatif. Beaucoup d’enfants sont encore sous des tentes, travaillent dans des circonstances extrêmement difficiles ». L’arrivée des financements a pris du temps et l’acheminement de l’aide est compliquée à cause de la menace des gangs. Nesmy Manigat assure que « les leçons ont été apprises », depuis le séisme de 2010 et la mauvaise gestion de la situation post-crise. « On sait qu’il faut absolument plus de transparence, que cela passe par des ONG locales haïtiennes. L’idée de cette reconstruction, ce n’est pas tant d’aller reconstruire le bâti, les infrastructures, mais que les gens travaillent, participent, et que l’économie haïtienne en bénéficie ».

Le séisme a aussi fait 12 500 blessés, en plus des 2 200 morts. Mais de nombreux hôpitaux, déjà trop peu nombreux dans le sud du pays, ont été détruits ou endommagés. Six mois après, certains centres de santé manquent de médicaments, de tests de dépistages anti-Covid. Ces pénuries sont dues en partie à un problème d’acheminement, lié aux blocages des gangs. Certains patients habitant en zones rurales restent aussi difficilement accessibles. Michelson Samedi, infirmier à Jérémie, doit parfois marcher plusieurs kilomètres à pied pour atteindre des hameaux isolés. Il a remarqué une augmentation de pathologies liée aux conditions de vie rendues plus précaires par le tremblement de terre : « Il y a des pathologies liées à l’hygiène, puisque les personnes vivent en surpopulation, leurs maisons étant détruites ». Il s’inquiète aussi de la hausse d’IST (Infections sexuellement transmissibles) : « Il y a un manque de sensibilisation des jeunes parce que les écoles ne fonctionnent pas vraiment. Ce sont nous, les prestataires de santé, qui devons y aller pour éduquer les jeunes sur l’utilisation des préservatifs et la prévention des IST. Aussi, certaines personnes dans le besoin se prostituent, ce qui participe à l’augmentation d’infections ». Alors que de nombreux sinistrés ont encore besoin de soins, ces professionnels de santé remarquent la nette diminution d’ONG médicales.

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