Élection de Daniel Noboa: «derrière le discours, un projet assez classique»
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Il était la surprise du premier tour, Daniel Noboa s’est imposé au second et devient le plus jeune président de l’histoire de l’Équateur. À 35 ans, ce fils de milliardaire et ancien candidat à la présidentielle a réussi à battre la candidate choisie par l’ancien président Rafael Correa et à apparaître comme le renouveau politique. Analyse d’Alexis Medina, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté.
Daniel Noboa a su attirer le vote des jeunes, « notamment grâce à une très bonne campagne sur les réseaux sociaux, explique l’universitaire, mais il a surtout réussi à incarner une forme de renouveau par rapport aux partis traditionnels et au corréisme » du nom de l’ancien président Correa, actuellement en exil après une condamnation pour corruption. Le corréisme reste la première force politique, mais « a beaucoup de mal à construire une majorité de second tour, analyse Alexis Medina, et je pense que le mouvement n’a pas compris qu’il fallait composer avec d’autres forces politiques et sociales dont il s’est éloigné, comme le puissant mouvement indigène, le mouvement écologiste, le mouvement féministe... des forces sociales avec lesquelles le corréisme ne parle plus et est en rupture. »
Daniel Noboa, lui, renvoie le corréisme « à l’image du vieux monde, de la vieille politique » et s’est construit une image de novateur, mais son projet n’est pas si innovant que le laisse entendre son discours. « Derrière la communication politique, c’est un projet assez classique qui cherche à obtenir le développement, assurer la prospérité en essayant de stimuler les investissements étrangers à travers des zones franches » et Daniel Noboa, qui s’est construit une image de pragmatique de centre-gauche, a choisi comme vice-présidente une libertarienne, « admiratrice de Tump ou Bolsonaro ». Difficile de dire si le nouveau président partage les idées de sa vice-présidente, ou s’il s’agit plutôt d’une tactique politique pour élargir sa base auprès du camp conservateur.
Daniel Noboa n’aura que 17 mois pour mener son action, il n’effectue pas un mandat complet mais la fin de celui de Guillermo Lasso, démissionnaire, et le nouveau président va devoir composer avec une assemblée loin d’être acquise. « Sa marge de manœuvre est très étroite, il a un tout petit groupe parlementaire, commente Alexis Medina, la droite est majoritaire mais elle est fragmentée en tout petits groupes et il n’est pas certain que Noboa parvienne à les unifier pour avoir une majorité cohérente à l’assemblée nationale. »
Le journal de la 1ère
Un temps d’échange et de recueillement dans les établissements scolaires de Guadeloupe.
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