Journal d'Haïti et des Amériques

La justice kenyane déclare illégal le déploiement de policiers en Haïti

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Coup dur pour Haïti et pour les autorités kényanes qui avaient déjà commencé à préparer le déploiement de policiers. L’ONU avait donné son aval en octobre dernier (2023), le Parlement kenyan aussi le mois suivant et les premiers policiers étaient censés être déployés en février 2024 en Haïti, mais aujourd’hui la justice kenyane, saisie par l’opposition, a estimé que ce déploiement était « anticonstitutionnel, illégal et invalide ».

Patrouille de forces de l'ordre dans les rues de Port-au-Prince, le 5 août 2023. (Image d'illustration)
Patrouille de forces de l'ordre dans les rues de Port-au-Prince, le 5 août 2023. (Image d'illustration) © Odelyn Joseph/AP
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Le juge estime qu’il devrait y avoir un accord de « réciprocité » signé avec le pays receveur de troupes, explique notre correspondante à Nairobi. Et le pays doit en avoir fait directement la demande auprès du Kenya, ce qui n’est pas le cas. Le gouvernement a immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision et d’autres options sont envisageables, mais un autre argument est avancé par les opposants au projet : les avocats à l’initiative du recours en justice mettent en cause la légitimité du gouvernement haïtien, dans un pays qui ne compte plus aucun représentant élu au niveau national.

L’écrivain haïtien, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean-Marie Théodat n’est pas surpris : « une mission d’urgence annoncée depuis près de six mois et qui traîne et qui a tant de mal à se mettre en place, c’est le signe que les Kenyans y vont à reculons. » L’auteur rappelle que le Kenya est « le dernier mandataire d’une mission refusée par les États-Unis, le Canada et tant d’autres pays qui auraient eu beaucoup plus de moyens et de raisons d’intervenir en Haïti. »

« C’est une déception de voir que le reste du monde n’a que faire d’Haïti, mais pas une surprise »

Jean-Marie Théodat dénonce une double incompétence : du Kenya d’une part « qui aurait pu saisir l’intérêt historique d’une intervention » au nom d’une « solidarité nécessaire entre les Afrodescendants haïtiens ayant connu l’esclavage et les Africains de façon générale » et d’autre part des instances internationales « qui ne voient pas qu’Haïti est un peuple aux abois qui mérite un intérêt beaucoup plus grand que l’intérêt des marchands de canons. »

Pendant ce temps, la situation se dégrade chaque jour en Haïti. « Nous assistons à une gangrène progressive », explique l’universitaire ajoutant que les gangs se préparent à « répondre » à l’intervention multinationale. « Il y a eu une diffusion de la violence criminelle dans des départements qui étaient jusque-là préservés et le reste du monde regarde ailleurs. Cela fait plus de six mois que cette mission est en préparation et que les gangsters se préparent. » Jean-Marie Théodat se dit « choqué » par la manière dont les instances gèrent la crise haïtienne : « il y a eu plus de 5 000 morts, nous avons une force de police d’à peine 13 000 hommes en sachant qu’il y a en face presque autant de gangsters mais autrement armés qu’eux pour semer la terreur dans le pays. »

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