Journal d'Haïti et des Amériques

Tractations politiques et incertitude en Haïti

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Les partis politiques poursuivent leurs discussions pour désigner leurs représentants au sein du Conseil présidentiel de transition, instance chargée de prendre la suite d’Ariel Henry, démissionnaire, et de mener le pays à des élections libres et démocratiques. La presse fait état de négociations parfois laborieuses.

Un membre de gang se tient derrière une barricade, à Port-au-Prince, en Haïti, le 11 mars 2024.
Un membre de gang se tient derrière une barricade, à Port-au-Prince, en Haïti, le 11 mars 2024. © Ralph Tedy Erol / Reuters
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« Ce collège est un pas vers une résolution partielle de la crise en Haïti, estime Gédéon Jean, directeur exécutif du CARDH, car cette formule reflète les grandes tendances politiques issues des propositions reçues par la Caricom. » Le défenseur des droits de l’homme dispose d’informations laissant croire que les représentants de chaque parti ou mouvement seront bien désignés dans les délais impartis, c’est-à-dire d’ici à ce soir.

La presse rappelle elle aussi qu’il faudra d’autres mesures pour améliorer la situation. Le National écrit par exemple « L’opposition, elle, s’échine désormais à trouver des représentants pour un Conseil présidentiel encore improbable. La Communauté internationale se perd dans des rencontres interminables. La seule certitude se trouve désormais dans l’incertain. Car, ceux qui savent faire parler la poudre, ils ne s’arrêteront pas de si tôt. » Gédéon Jean confirme « le chaos se poursuit : les institutions publiques ne fonctionnent pas, les produits de première nécessité et médicaments sont rares, de nombreux hôpitaux restent fermés et le pays n’est pas dirigé puisque le Premier ministre et plusieurs ministres sont à l’étranger en ce moment. »

 

Quel rôle pour les gangs ?

La capitale vit toujours sous le joug des groupes criminels dont certains ont rejeté l’accord trouvé au début de la semaine sous l’égide de la Caricom. « Les gangs, via Jimmy Chérizier, le porte-parole du G9 et de la coalition Viv Ansanm, étaient clairs et voulaient participer à une solution politique, rappelle le directeur exécutif du CARDH. Nous pensons que c’est très dangereux et que la Communauté internationale comme les acteurs locaux doivent faire très attention dans ce contexte où les gangs émergent comme une force. Va-t-on les accepter comme un acteur ou va-t-on donner les moyens nécessaires à l’État pour les contenir ? C’est une question de choix. » Gédéon Jean estime qu’il faut mettre en place une force capable de faire face aux gangs.

 

Quel plan B après la suspension de la mission multinationale kenyane ?

L’annonce de Nairobi « nous a surpris, reconnaît Gédéon Jean, puisqu’ils étaient dans un processus assez intéressant malgré un problème de financement. Cela complique encore la situation. Peut-être faut-il une solution intermédiaire ? » Solution évoquée par l’ancien ambassadeur canadien Henri-Paul Normandin, il rappelle qu’après « la chute du régime Aristide, une force intérimaire de Marines américains, de Canadiens et de Français a pavé la voie à la mission des Nations unies. » Le directeur exécutif du CARDH approuve, rappelant que les Haïtiens ont un besoin urgent d’aide pour rétablir la sécurité à Port-au-Prince.

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