Les oiseaux rêvent aussi ! Et en chanson. Voilà ce que viennent de démontrer une équipe de chercheurs argentins qui ont réussi à modéliser l’activité cérébrale des oiseaux pendant leur sommeil. Les oiseaux, comme la plupart des animaux, rêvent en dormant, c’est prouvé par l'observation de leurs mouvements oculaires, de leur rythme respiratoire ou de leurs petits cris. En revanche, le contenu de leurs rêves reste un mystère, encore peu étudié, et pour cause, par la science.

Que se passe-t-il dans la cervelle d’un oiseau quand il dort ? Des chercheurs de l’université de Buenos Aires viennent de lever un coin du voile, ou plutôt des chants que le tyran quiquivi un petit oiseau argentin, se passe en boucle dans sa tête en dormant. Comme beaucoup d’oiseaux ce passereau argentin chante silencieusement pendant son sommeil cela a été confirmé par les chercheurs de l’Université de Buenos Aires la même zone du cerveau, dédiée au chant, s’allume quand il chante et quand il rêve qu’il chante ou qu’il chante en rêve comme vous voulez et surtout l’organe qui lui sert à faire des vocalises.
La syrinx, l’équivalent du larynx chez les oiseaux, bouge aussi de la même manière à l’état d’éveil quand il chante réellement et en dormant quand il chante silencieusement. D’où l’idée de cette équipe interdisciplinaire de recherche, l’une des rares au monde à étudier depuis une dizaine d’années ce qui se passe dans la tête des oiseaux, d’implanter d'électrodes dans le cerveau de ce petit passereau pour mesurer exactement ses mouvements musculaires quand il vocalise pour de vrai à l’état de veille et silencieusement dans sa tête pendant son sommeil. Une opération très délicate, car elle ne doit en aucun cas modifier les aptitudes et le comportement, donc le bien-être de l’oiseau. Précisons aussi que ce petit passereau argentin est un modèle idéal parce qu'il n’a que deux modes de vocalisation : un chant d’appel, un son simple, pour attirer les femelles, et un trille ; une séquence rapide de plusieurs sons qui lui sert à revendiquer son territoire face aux autres mâles.
S'immiscer dans la tête et les rêves des oiseaux
Quand le mâle quiquivi rêve, il reproduit silencieusement et alternativement ces deux modes de vocalisation, avec une petite nuance toutefois, leur trille est encore plus accentué, plus grave, comme s'il voulait s’imposer encore plus fort dans leurs rêves. Leurs plumes d’ailleurs, comme lors de l’éveil, ont tendance à se dresser sur leur tête pendant le trille, peut-être pour effrayer leurs congénères. Le physicien Gabriel Mindlin, co-auteur de cette étude, parue dans la revue de physique aléatoire Chaos, a réussi à modéliser sous la forme d’équation physique les mouvements des organes vocalisateurs et donc à décrypter quand il s’agit d’un son d’appel (silencieux en rêve) destiné à une femelle, ou d’une joute, d'un trille, elle aussi silencieux qui indique qu’il dispute toujours en rêve son territoire avec d’autres mâles.
Dans un interview au site américain Science Friday Gabriel Mindlin a souligné à quel point c’est troublant de s’immiscer ainsi dans la tête et dans les rêves d’un passereau, et son équipe de recherche ne compte pas s’arrêter là. Ils s’intéressent désormais à des oiseaux chanteurs au répertoire bien plus variés comme le canari ou le cardinal qui eux doivent apprendre leurs chants avec un tuteur. Est-ce qu’ils s’exercent à les répéter pendant leur sommeil ? Comment retiennent-ils un répertoire aussi varié ? Que se racontent-ils en chantant et en rêvant ? Il y a encore tant de questions à explorer derrière le langage, les conversations et les rêves des oiseaux...

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