Comment la découverte d’un bras disparu du Nil, par une équipe internationale de chercheurs, éclaire d’un jour nouveau la construction et la localisation des pyramides d’Égypte ?

On savait que le Nil, le plus grand et le plus tumultueux fleuve d’Afrique, avait joué un rôle central dans la construction des pyramides pour transporter les matériaux et les ouvriers, mais restait à résoudre une question de taille : Pourquoi les plus grands complexes pyramidaux ne sont pas situés au bord du Nil, mais à quelques kilomètres à l’orée du désert. Sauf qu’au temps de la construction des pyramides, ce n’était pas encore le désert.
Suite à une longue période dénommée période humide africaine, le Nil avait un débit bien plus élevé, et de nombreuses ramifications, de nombreux bras serpentaient dans sa plaine inondable. C’est en découvrant et en retraçant le cours d’un de ces bras aujourd'hui enfoui sous le sable, que des chercheurs égyptiens et américains viennent de démontrer dans une étude parue dans la revue Communications Earth & Environnement, qu’il y a 4000 ans les pyramides d’Égypte étaient situées au bord du fleuve sur la rive de ce bras du Nil aujourd’hui disparu.
Baptisé le bras Ahramat ou bras des pyramides en arabe, et pour cause. C'est le long de ces 64 kilomètres que sont situées les plus grandes pyramides d’Égypte, des plus célèbres celles de Gizeh au nord jusqu'à Licht au sud, on compte pas moins de 31 pyramides qui avait donc les pieds dans l’eau !
Une voie d'eau de grande importance
Il faut s’imaginer un tout autre paysage reconstitué par cette équipe internationale. Grâce à des techniques très sophistiquées de radars satellitaires, de géoradars et de carottage, ils ont pu commencer à établir une carte paléo-hydrologique de la région, montrant notamment que ce bras Ahramat, ce bras des pyramides, était une voie d’eau de grande importance qui circulait à l’ouest du Nil parfois à plus de 10 km du Nil actuel et que son asséchement progressif lié à la baisse de précipitations, explique aussi pourquoi au fil du temps et des dynasties égyptiennes, les pyramides ont été construites de plus en plus bas afin de rester au plus près de l’eau.
D’autres chercheurs français avaient déjà, dans une étude parue en 2022 dans les Proceedings de l’Académie de sciences américaine, réussi à reconstituer un segment de rivière disparue au pied même des pyramides de Gizeh. Toutes ces recherches autour des bras morts du Nil, cette nouvelle approche géographique et environnementale permettent d’éclaircir quelques-uns des mystères des pyramides et notamment des gigantesques complexes pyramidaux du plateau de Gizeh, au pied desquels se trouvent des chaussées qui mènent à des temples en contrebas. Des temples situés à l’époque au bord de ce bras disparu du Nil et qui faisaient donc aussi office de ports pour transporter hommes et matériaux.
Jusqu’où pourront nous remonter le fil du temps et des fluctuations du Nil au bord duquel furent construites les pyramides d’Égypte ?

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne