Jusqu’où va la science ?

Ce que nous apprend la découverte de moustiques vieux de 99 millions d'années

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Deux récentes études sur les moustiques ont piqué notre attention cette semaine, à commencer par la découverte de la plus ancienne larve de moustique connue à ce jour, fossilisée dans l'ambre birman depuis 99 millions d’années.

La chercheuse Leslie Vohall de l’Université de Rockefeller, a étudié notamment le moustique «Aedes aegypti» pour déterminer comment fonctionne la sexualité des moustiques (image d'illustration)
La chercheuse Leslie Vohall de l’Université de Rockefeller, a étudié notamment le moustique «Aedes aegypti» pour déterminer comment fonctionne la sexualité des moustiques (image d'illustration) REUTERS/Paulo Whitaker
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C'est une grande première. C'est la première fois que des entomologistes ont pu étudier une larve aussi ancienne. Jusqu'à présent, seuls quelques fossiles de moustiques adultes, piégés dans l'ambre depuis le Crétacé, avaient été mis au jour dans ce gisement du Kachin, au nord de la Birmanie, mais jamais de spécimens à l'état larvaire. Ce qui a permis aux chercheurs d'identifier une nouvelle et très ancienne espèce de moustique, baptisée Cretosabethes primaevus, comme le plus ancien moustique immature de l'ère Mésozoïque, mais surtout de constater que ces larves sont très similaires aux espèces actuelles. Leur morphologie est très proche de moustiques vivant encore aujourd'hui dans les forêts tropicales, Et ça aussi, c'est une surprise, car ce n'est pas le cas des moustiques adultes, piégés dans l'ambre à la même époque, qui eux appartiennent à un autre groupe archaïque aujourd'hui disparu.

Comme le souligne le chercheur André Amaral de l'université de Munich, auteur de cette étude parue dans la revue Gondwana Research, ce fossile est vraiment exceptionnel, car il permet de comprendre à la fois que les moustiques présents sur Terre depuis 200 millions d'années se sont diversifiés très tôt – dès le Jurassique –, mais aussi que l'évolution de leurs larves est restée très stable depuis 100 millions d'années. Et tout cela parce qu'une goutte de résine de conifère a coulé sur une minuscule flaque d'eau et s'est solidifiée en ambre, figeant pour l'éternité la larve de moustiques qui y vivait il y a 99 millions d'années.

Plus proche de nous, une autre étude menée sur des femelles moustiques particulièrement redoutables éclaircit un paradoxe de la biologie. Le paradoxe est le suivant : on sait que chez le moustique, la femelle (celle qui pique) n'a qu'une seule occasion de se reproduire, un seul acte sexuel dans sa vie grâce auquel elle peut pondre jusqu'à 1 000 œufs. Les chercheurs ont longtemps présumé que c'était le premier mâle venu qui en profitait. Or, ce que vient de démontrer l'entomologiste Leslie Vohall de l'université de Rockefeller dans la revue Current Biologyc'est que c'est la femelle moustique qui a le contrôle du processus, par un mouvement de ses organes génitaux. Un mouvement ultra-rapide qui dure deux secondes et qui permet au mâle de la féconder. C'est en étudiant, image par image à l'aide de caméra à haute résolution et à haute vitesse, les pratiques de deux espèces de moustique parmi les plus invasives – Aedes aegypti et Aedes albopictus, vecteurs de la dengue et de la fièvre jaune entre autres – que cette entomologiste a découvert ce mouvement génital des femelles moustiques. Quant à savoir ce qui détermine le choix du mâle par la femelle moustique, cela reste un mystère.

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