La migration ou le secret anti-âge des flamants roses
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Migrer pour bien vieillir. C’est le résultat d’une étude menée pendant plus de 40 ans sur des flamants roses dans le bassin méditerranéen. Les chercheurs de l’institut de recherche de la Tour du Valat en Camargue et du Laboratoire de biométrie et de biologie évolutive de Lyon ont montré que les flamants roses qui choisissaient de migrer vieillissaient plus lentement que ceux qui avaient fait le choix de la sédentarité.

Chez les flamants roses du bassin méditerranéen, Phoenicopterus rosae de leur nom latin, la migration est un choix. Une partie de ces oiseaux graciles et gracieux, connus pour leur longévité – certains dépassent les 50 ans –, restent toute leur vie là où ils sont nés : en Camargue. Les chercheurs les appellent les résidents, tandis que d’autres, les migrants, choisissent eux de s’envoler chaque année pour traverser la Méditerranée et hiverner en Italie, en Espagne ou en Afrique du Nord.
Or, ce choix de migrer ou pas va affecter leur vie entière, leur reproduction comme leur survie. C’est ce qu’ont pu démontrer les chercheurs de la Tour du Valat en Camargue, un institut de recherche dédié à la conservation des zones humides méditerranéennes, qui étudient les flamants roses depuis plus de 50 ans. Depuis 1977 très exactement, date à laquelle ils ont commencé le suivi des flamants en les marquant avec des bagues, lisibles à distance avec un télescope. Aujourd'hui encore, ils continuent de suivre des flamants bagués cette année-là, constituant une base de données unique en son genre pour étudier ce qu’on appelle la sénescence, le vieillissement biologique des populations animales.
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Comment vieillissent les flamants roses ?
Les plus téméraires, ceux qui ont pris le risque de la migration, vieillissent mieux et surtout plus lentement que les prudents résidents. Les flamants sédentaires restés en Camargue déclinent plus tôt, leur processus de vieillissement est précoce – il commence vers l’âge de 20 ans – et leur déclin est rapide avec un vieillissement 40% plus important que celui des migrants. Ainsi leur capacité à se reproduire diminue drastiquement et leur risque de passer de vie à trépas augmente en parallèle nettement plus vite que chez leurs congénères migrateurs.
Dans cette étude parue dans la revue scientifique PNAS en septembre dernier, les chercheurs ont constaté, en revanche, que les flamants migrateurs ont un début de vie plus difficile et plus dangereux avec une plus forte mortalité et une reproduction moindre, mais qu’ils compensent ce handicap de départ par un vieillissement plus lent et une plus grande longévité. Ce qui indique non seulement que les migrations saisonnières peuvent influencer le rythme du vieillissement, mais aussi, comme le souligne le chercheur Hugo Cayuela, l'un des co-auteurs de cette étude, que les secrets anti-âge ou anti-vieillissement, qui obsèdent depuis toujours et plus que jamais notre humanité, sont à chercher au sein d’une même espèce chez les individus eux-mêmes, qui ne vieillissent pas tous au même rythme du fait de variations génétiques, environnementales et comportementales.
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