Prix Ig-Nobel: quand la science improbable fait rire (et réfléchir)
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Retour sur la 34e édition des Ig-Nobel, qui s'est tenue le 16 septembre 2024, au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge. Cette parodie loufoque des prix Nobel récompense chaque année les recherches et les découvertes scientifiques les plus insolites et les plus improbables. Au menu de cette année : la ventilation par l'anus, la nage des poissons morts et le sens de la pousse des cheveux.Rediffusion du 21 septembre 2024

« Des recherches qui prêtent d'abord à rire et ensuite à réfléchir » : c'est le slogan des Ig-Nobel, (jeu de mot autour du mot « ignoble » et des très sérieux prix Nobel), une cérémonie très attendue chaque année, préambule loufoque à l'attribution des vrais prix Nobel, un mois plus tard, à Stockholm. Elle a lieu au MIT, le prestigieux institut de technologie du Massachusetts, à Cambridge. Ce sont de réels prix Nobel qui, le 12 septembre dernier, ont remis leur prix aux lauréats. Car ces recherches insolites et farfelues, cette science improbable, amènent souvent des avancées scientifiques inespérées.
Prenez par exemple l'Ig-Nobel de physiologie 2024, décerné à une équipe de chercheurs japonais pour la découverte de la respiration par l'anus. C'est en étudiant la ventilation de la loche, un poisson qui respire par voix rectale et intestinale, qu'ils ont eu l'idée de tenter l'expérience avec des mammifères. Ils ont administré à des rats et des cochons en détresse respiratoire un lavement par perfluorocarbone (PFC), oxygéné par voix rectale, et cela a marché. On pourrait donc, en cas d'urgence, être oxygéné par l'anus et pas seulement par les poumons.
Menée en pleine épidémie de Covid-19, cette étude, qui a démontré que la ventilation par l'anus peut combattre l'insuffisance respiratoire chez les mammifères, va maintenant être testée sur l'humain. Si les poumons ne marchent pas, cherchons d'autres voies d'aération, même rectales. Voilà qui méritait bien un prix Ig-Nobel de sciences improbables.

Mais d'autres lauréats ont aussi fait très fort, comme ce chercheur français de l'hôpital universitaire Necker-Enfants malades et son équipe, lauréats du prix Ig-Nobel d'anatomie 2024, pour leur étude sur le sens de la pousse des cheveux, selon que l'on vit dans l'hémisphère nord ou dans l'hémisphère sud. Ils ont réussi à démontrer que les spirales capillaires se formaient dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord, alors que dans l'hémisphère sud, c'est le contraire : les cheveux poussent et bouclent dans le sens inverse. De quoi marcher sur la tête.
Citons aussi le prix Ig-Nobel de médecin décerné à un chercheur allemand de l'institut Max-Planck qui travaille sur l'effet placebo et qui a démontré, avec son équipe, qu'un placebo fonctionne mieux, a un effet thérapeutique plus fort quand il est désagréable ou douloureux. Une piqûre par exemple, même de poudre de perlimpinpin, si elle fait mal, c'est qu'elle fera du bien. Bon à savoir, ou pas.
On reste dans le second degré avec le prix Ig-Nobel de physique décerné à un chercheur taiwano-américain de l'université de Los Angeles, qui a étudié les capacités de nage d'un poisson mort. Il est d'ailleurs venu recevoir son prix avec une truite factice et géante à la main, car c'est en analysant le déplacement d'une truite morte qui remontait le courant qu'il a démontré qu'un corps pouvait se déplacer en tourbillonnant sans dépenser d'énergie. C'est ce qu'on appelle la propulsion passive et cela pourrait être bien utile, pas uniquement pour les truites inanimées.
Jusqu'où nous entrainera le meilleur de la science improbable et surtout la curiosité de tous ces chercheurs qui n'ont peur de rien, pas même du ridicule ?
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