Jusqu’où va la science ?

À l'écoute de la biodiversité

Publié le :

Pourquoi et comment se mettre à l’écoute de la biodiversité ? Un réseau mondial de bioacousticiens a décidé d’ouvrir et de mutualiser les données sonores qu’ils ont enregistré dans les différents écosystèmes terrestres ou maritimes de la planète. Afin d’évaluer l’état et l’évolution de la biodiversité, à l’oreille.

L'ingénieur John Kemp de la Woods Hole Oceanographic Institution, à droite, tire une bouée d'écoute jusqu'à la poupe du navire de recherche Shearwater, sous le regard de Chris Clark, directeur du programme de recherche en bioacoustique du laboratoire d'ornithologie de l'université Cornell, dans la baie de Cape Cod, le jeudi 10 avril 2008. (Image d'illustration)
L'ingénieur John Kemp de la Woods Hole Oceanographic Institution, à droite, tire une bouée d'écoute jusqu'à la poupe du navire de recherche Shearwater, sous le regard de Chris Clark, directeur du programme de recherche en bioacoustique du laboratoire d'ornithologie de l'université Cornell, dans la baie de Cape Cod, le jeudi 10 avril 2008. (Image d'illustration) AP - Stephan Savoia
Publicité

On appelle cela le suivi acoustique passif. Une pratique scientifique qui consiste à recueillir, à capter les sons des animaux, le paysage sonore, sur une longue durée, dans une grande variété d’environnement, via des enregistreurs acoustiques. Une démarche utilisée pour suivre le comportement et la répartition des différentes populations animales que ce soient des insectes, des poissons, des oiseaux ou des mammifères. Ce suivi acoustique se révèle aussi particulièrement utile pour mesurer l’état de santé général d’un écosystème, le déclin ou l’évolution de sa biodiversité, notamment en lien avec le changement climatique.

D’où l’intérêt de ce nouveau réseau mondial, Worldwide Soundscapes, paysages sonores du monde entier qui regroupe 350 chercheurs en bioacoustique de 57 pays différents. Des océanographes comme des écologues terrestres ou d’eau douce et même des biospéléologues ayant décidé de mutualiser leurs données sonores jusqu’alors très – trop ? – cloisonnées par spécialité, par groupe d’animaux ou d’écosystèmes.

Un partage de données sonores aussi originales qu’inouïes qui permet de construire un vrai réseau mondial de surveillance acoustique de la biodiversité. Mais aussi de partager, en libre accès, l’échange sonore entre une mère et son petit phoque de Weddell, en terre Adélie, dans l’Antarctique, ou si vous êtes plus électro, d’écouter une cigale thaï, par exemple. Et si vous ne craignez pas les décibels, je vous renvoie à ce chœur ou plus exactement cette orgie de grenouilles en Guyane. Une cacophonie impressionnante.

Combien d’enregistrements peut-on écouter sur cette banque de données bioacoustique ?

Plus de 400 jeux de données sonores ont été rassemblés sur cette base de données unique en son genre, en accès libre et ouvert à tous les chercheurs. Ceux-ci peuvent ainsi écouter des écosystèmes et des habitats sous-explorés ou méconnus, enregistrés dans plus de 12 000 sites différents, terrestres, marins, d’eau douce, ou même souterrains, aussi bien dans des zones tropicales que tempérées ou polaires. Une synthèse sur ce nouveau réseau mondial de données sonores vient d’être publiée dans la revue Global ecology and biogeography. Elle démontre l’importance de cette mutualisation et de ces collaborations internationales pour affronter les défis et les enjeux qui nous attendent autour du déclin de la biodiversité et du changement climatique.

À noter que ce réseau mondial de données bioacoustiques est coordonné par l’Inrae, l’Institut national d’agriculture et d’écologie, avec l’implication de chercheurs et chercheuses du CNRS, de l’IRD et du Muséum national d’Histoire naturelle côté français. Car la bioacoustique est une discipline qui se développe en France grâce à des chercheurs qui savent ouvrir grand leurs oreilles et leurs micros pour se mettre à l’écoute du vivant dans toute sa biodiversité et même à l’écoute de sons de la terre que l’on n’aurait pas imaginé. Comme ces chants de dunes, enregistrés à Oman.

À lire aussiÀ l’écoute des océans pour la Fête de la science

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes