Jusqu’où va la science ?

Quelle est cette lumière qui émane des vivants et disparaît avec la mort?

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Une étude récente montre que tous les êtres vivants, humains compris, émettent en permanence une faible lueur qui s’éteint quand on meurt. Ce phénomène étrange, qui pourrait faire penser à une aura, est en fait un processus biochimique naturel que des chercheurs ont réussi à mesurer.

Un physicien canadien a découvert, à partir d'une étude sur des souris, que les êtres vivants produisent une lumière invisible à l'œil nu, qui disparait à la mort  (image d'illustration)
Un physicien canadien a découvert, à partir d'une étude sur des souris, que les êtres vivants produisent une lumière invisible à l'œil nu, qui disparait à la mort (image d'illustration) AP - Rick Rycroft
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Comment mesurer l’invisible ?

Ce faible halo de lumière produit naturellement par tout organisme vivant a désormais un nom : UPE ou émission de photons ultra-faibles. Rien de mystique dans cette aura biochimique, invisible a l’œil nu (entre 100 à 100 000 fois plus faible que ce que notre œil peut percevoir), qui émane de tous les êtres vivants, qu’ils soient humains, animaux ou végétaux. Vous comme moi émettons, tant que nous sommes vivants, ces infimes photons, cette si subtile lumière, en raison d’une réaction chimique de notre métabolisme avec l’oxygène. On appelle cela la chimiluminescence oxydative et, à notre mort, quand notre métabolisme s’arrête, notre faible lumière s’éteint aussi.

Le physicien Daniel Oblack de l’université de Calgary au Canada a réussi, avec son équipe, à mesurer, grâce à des caméras numériques capables de détecter des photons individuels, la bioluminescence de quatre souris vivantes puis mortes. Il a démontré, image à l’appui, dans son étude publiée le 24 avril dernier dans The journal of Physical Chemistry Letters, que les souris vivantes émettent significativement plus de photons, elles brillent à l’image, mais cette luminosité, dans les mêmes conditions de température, baisse radicalement à leur mort, avant de s’éteindre complétement et cela se vérifie chez les autres organismes vivants qu’il a étudiés.   

Que nous apprend cette observation de la luminescence des êtres vivants ?

Qu’il n’y a rien de surnaturel dans ce processus biochimique naturel et spontané qui ouvre tout de même un fascinant champ de recherche pour mesurer, de façon non invasive, l’état de santé d’un organisme vivant, animal comme végétal. Car l’émission de lumière, de photons ultra-faibles est liée à ce qu’on appelle le stress oxydatif, une forme d’usure cellulaire causée par le vieillissement et la maladie. Daniel Oblak et son équipe ont aussi, dans cette même étude, imagé et mesuré le stress oxydatif sur des végétaux. Les feuilles qu’ils avaient préalablement grattées et abîmées émettaient beaucoup plus de lumière, de photons ultra-faibles que les feuilles saines. L’intensité de la luminosité révèlerait donc aussi l’état de stress oxydatif de la feuille d’un arbre ou d’une forêt. Ce stress oxydatif pourrait aussi être mesuré dans nos tissus et nos organes, notamment pour des transplantations. Pour cela, il faudra encore des avancées, à la fois en technique d’imagerie, mais aussi en biologie quantique, pour apprivoiser les photons ultra-faibles que nous émettons tous jusqu’à notre mort. Cette lumière du et des vivants qui pourrait bien nous éclairer.  

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