L'Épopée des musiques noires

Entretien inédit: The Mahotella Queens

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Il y a 15 ans, un chœur de trois chanteuses sud-africaines virevoltantes avait ravi les spectateurs du festival "Musiques Métisses" d’Angoulême qui fêtait alors son 30ème anniversaire. L’instigateur de cet évènement, Christian Mousset, avait convié Hilda Tloubatla, Mildred Mangxola et Nobesuthu Mbadu à venir présenter leur répertoire au public français devenu friand des sonorités africaines australes depuis la fin de l’apartheid. Les Mahotella Queens connurent un grand succès et l’entretien qu’elles nous accordèrent suscite aujourd’hui autant de réflexion que de nostalgie.

Les Mahotella Queens sur scène.
Les Mahotella Queens sur scène. © Andrew Lepley/Redferns/Getty images
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C’est au milieu des années 60 que les Mahotella Queens voient le jour. Elles sont alors au service de Rupert Bopape, producteur au sein d’une firme discographique nommée Mavuthela Music Company. Grâce à lui, nombre d’artistes trouveront la lumière et la reconnaissance. Il crée d’ailleurs à l’époque un collectif de musiciens capables de porter dignement les traditions culturelles sud-africaines. Il fait appel à un chef d’orchestre, Simon Mahlathini Nkabinde, et forme le Makgona Tsohle Band. Pendant près de 10 ans, les mélopées de tous ces virtuoses égayent un quotidien populaire malmené par le régime ségrégationniste de Pretoria. En 1972, des dissensions naissent entre les différents protagonistes de cette aventure pourtant pleine de promesses. L’unité vole en éclats et l’espoir du succès s’évapore. 

Les Mahotella Queens, lors du festival de musiques du monde Rio Loco, en 2010, à Toulouse (France).
Les Mahotella Queens, lors du festival de musiques du monde Rio Loco, en 2010, à Toulouse (France). © REMY GABALDA/AFP

Les Mahotella Queens continueront de cheminer vaillamment malgré la pesanteur liberticide de la politique sud-africaine. Au tournant des années 80, l’humeur change. La communauté internationale s’indigne, certes encore timidement, des exactions en terres australes. La musique, langage universel par excellence, relaie les messages de lutte et de contestation. L’Afrique du Sud devient progressivement la cible de tous les humanistes à travers la planète. Lors du concert de soutien à Nelson Mandela, organisé au stade de Wembley à Londres en juin 1988, des dizaines de musiciens lancent un message de résistance et appellent à l’abolition de l’apartheid. Pour l’occasion, Mahlathini et les Mahotella Queens se retrouvent sur scène devant une foule de 72 000 spectateurs. Cette exposition médiatique les convainc de poursuivre durablement leur engagement artistique commun. 

Les Mahotella Queens à Charlton Park (Angleterre), le 24 juillet 2015.
Les Mahotella Queens à Charlton Park (Angleterre), le 24 juillet 2015. © C. Brandon/Redferns via Getty images

En 1997, Simon Mahlathini Nkabinde a 60 ans. Sa santé déclinante ne lui permet plus d’assurer les concerts avec la fougue d’antan. Il jette l’éponge et quittera définitivement les planches le 27 juillet 1999. Les Mahotella Queens, devenues des personnalités acclamées dans le monde libre depuis la fin des restrictions de voyage exigées par les autorités sud-africaines, reprendront la route et délivreront inlassablement des messages de tolérance à travers leurs chansons. En mars 2006, elles étaient de passage à Paris pour manifester leur joie d’être les ambassadrices d’une culture Mbaqanga encore peu connue du grand public. Elles étaient enchantées de pouvoir s’exprimer librement devant les micros des médias français dont ceux de RFI. 

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