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«Rojava», les amazones kurdes contre Daech

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Avec ce diptyque dont le premier volet vient de sortir chez Grand Angle, le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Sébastien Morice nous font découvrir les snipeuses des YPJ, les brigades féminines kurdes engagées contre Daech pendant la guerre civile en Syrie.

C’est dans le désert syrien, près de la frontière avec l’Irak que se situe l’action.
C’est dans le désert syrien, près de la frontière avec l’Irak que se situe l’action. © Bamboo Éditions/Grand Angle
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On ne dira jamais assez à quel point les visites chez le dentiste, si elles ne sont pas toujours très agréables, sont indispensables. Ne serait-ce que parce que dans les salles d’attente subsiste une denrée de plus en plus rare : une pile de magazines plus ou moins défraîchis.

C’est ainsi qu’Aurélien Ducoudray commence à feuilleter un exemplaire de l’hebdomadaire Paris Match. Son regard est attiré par un photo-reportage consacré aux YPJ (Unités de protection de la femme ou Unités de défense de la femme ; en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ). En regardant les clichés à l’esthétique léché, il se dit que ces jeunes femmes en treillis militaire et aux baskets multicolores ont l’air de sortir tout droit d’un catalogue de mode. De quoi intriguer le scénariste qui creuse le sujet et se rend compte que ces jeunes femmes sont de solides combattantes, remarquablement entraînées, engagées lors de la guerre civile syrienne dans de périlleuses opérations en zone de guerre. Avec pour ennemis rien moins que les islamistes de Daech.

Il n’en fallait pas plus pour que le scénariste se dise qu’il y avait là un sujet pour un album, et même pour deux, puisque Rojava, dessiné par Sébastien Morice, est annoncé comme un diptyque.

Rojava c’est à la fois le personnage principal, le titre de l’album, et le nom que les combattants kurdes ont donné à l’Administration autonome du Nord et de l’est de la Syrie, également appelée Kurdistan Occidental ou Kurdistan syrien. Sur la couverture, Sébastien Morice la représente fièrement, chaussée de ses fameuses baskets roses et son fusil sur l’épaule. Avec sous le titre, trois cases cochées : 16 ans, Youtubeuse, Tireuse d’élite. Le ton est donné : nous voici dans une BD résolument contemporaine, qui allie scènes d’action et de guerre, humour, esthétique « girly » mais aussi engagement féministe. Un habile mélange, servi par un casting détonnant.

Chaque personnage est en effet doté d’un solide caractère, à commencer par Rukan, la commandante, qui, peu impressionnée par les exploits « youtubesques » de la jeune recrue, lui fait tout de suite comprendre qu’il lui faudra faire ses preuves, respecter les consignes, et qu’elle n’a guère besoin d’une tête brûlée. Il y a aussi Gulan, surnommée PKK, dotée d’une énergie positive et d’un sens de l’humour à toute épreuve : elle a toujours une (bonne ?) blague dans sa besace. Ou encore Rohani, à la fois infirmière, cuisinière et maîtresse d’école dans le village voisin. Parmi les élèves de cette dernière, une petite fille nommée Surkheen, emballée par l’arrivée de Rojava dont elle est une fan absolue, et qui collectionne les photos des combattantes et des martyres kurdes.

Entre immeubles éventrés et galeries souterraines, Rojava et ses camarades vont être soumis à rudes épreuves, et découvrir que « la vie, la femme, la liberté » n’est pas seulement une devise, mais un combat.

Rojava, d’Aurélien Ducoudray et Sébastien Morice (Bamboo Éditions/Grand Angle).

La couverture de l’album, signée Sébastien Morice.
La couverture de l’album, signée Sébastien Morice. © Bamboo Éditions/Grand Angle

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