«Rattraper l’horizon», Khosraw Mani et les délices de Kaboul
Publié le :
Romancier et journaliste exilé à Paris, Khosraw Mani publie son septième roman et premier ouvrage directement écrit en langue française. Rattraper l’horizon est un roman d’initiation dont la ville de Kaboul constitue le cœur battant.

Rattraper l’horizon. Le titre du livre renvoie au lecteur l’idée du départ vers un ailleurs incertain, du voyage sans fin, de la découverte sans cesse renouvelée, du rêve d’infini et de l’espoir lumineux. Impossible en lisant Khosraw Mani, de ne pas penser au Don Quichotte de Cervantès, un héros qui suscite l’admiration de l’auteur et celle de son héros.
Pour le jeune homme du livre qui, depuis longtemps, rêve de quitter son village pour vivre la grande aventure de la ville, l’horizon porte cependant un nom : Kaboul, dont l’écrivain nous offre un lumineux portrait. La ville du désir et de toutes les ivresses, amicales, alcooliques, sexuelles et livresques. La ville d’une jeunesse débridée qui croque la vie à pleines dents, une capitale hallucinée où tout semble possible. Une ville délivrée - au moment où se déroule la seconde partie du récit- du pouvoir taliban, tombé sous l’offensive lancée par les Américains et leurs alliés pour venger les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Dans le récit picaresque de Khosraw Mani, moudjahidines et talibans ne passent qu’en arrière-plan, même si les soubresauts de l’actualité orientent les différentes péripéties. Avant de se risquer au grand départ, le héros entend les échos de son pays et du monde sur le poste de radio que lui a offert un voisin plus âgé, qui partage avec lui les fruits de son expérience. On l’appelle l’Ingénieur, parce que plus de 20 ans auparavant, il est parti étudier à Kaboul, ce que beaucoup au village ont considéré comme une forme de trahison. Pour le jeune homme, quasiment répudié par son père -le mollah du village- l’Ingénieur devient un mentor, voire un second père. Leurs discussions discrètes à la faveur de la nuit ne font que le renforcer dans son envie de quitter lui aussi ce village où tout lui semble rance, et de prendre la direction du «vrai monde» : Kaboul.
Kaboul, c’est la ville natale de Khosraw Mani, une ville qu’il a dû fuir, devenant à son tour un exilé. Il vit à Paris depuis 2015. «Rattraper l’horizon» est son premier roman écrit directement en français. Un roman initiatique, ancré dans l’Afghanistan des années 2000 mais aussi dans l’Afghanistan de toujours. Un vibrant hommage au pouvoir de la fiction et de la littérature, mais aussi un plaidoyer pour l’hédonisme, pour la musique et l’ouverture sur le monde qui résonne aussi comme un pavé dans la mare des talibans, de retour au pouvoir en Afghanistan depuis 2021.
Rattraper l’horizon, Khosraw Mani (Actes Sud).


NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne