L'art de raconter le monde

Simonetta Greggio et Clara Debray, danse avec les ours

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Inspiré par une statue inuite, L’Ourse qui danse, de Simonetta Greggio illustré par Clara Debray, est un conte initiatique qui -à travers une aventure humaine dans le Grand Nord- interroge notre rapport au monde.

«L'Ourse qui danse», de Simonetta Greggio, illustrations de Clara Debray.
«L'Ourse qui danse», de Simonetta Greggio, illustrations de Clara Debray. © Clara Debray/Les Étages Éditions
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La couverture chatoie, par la grâce des pastels colorés de l’artiste et illustratrice Clara Debray. Avec à gauche la petite forme blanche d’un plantigrade qui marche le long de l’horizon. Marche-t-elle, ou danse-t-elle, comme nous le suggère le titre L’Ourse qui danse qui respire le merveilleux et la poésie du conte.

Le texte de Simonetta Greggio appartient à une espèce singulière, que l’on pourrait appeler le «conte documentaire». La journaliste, scénariste et romancière a en effet truffé son récit d’informations sur le mode de vie et la spiritualité des Inuits. Elle évoque par exemple les tupileks, statuettes sculptées dans l’ivoire et les ossements qui recueillent les voix des hommes et celles de la nature ; ou le combat des anirnirsiaqs (sorte d’anges) contre les tuurngaqs (équivalent des démons dans la culture chrétienne).

Rien d’étonnant : le récit est une commande du musée des Confluences de Lyon, dont la collection «Cercle Polaire» regroupe des objets que l’on croise dans le livre : un kayak grandeur nature des Inuits de l’ouest du Groënland, des éléments de traineaux, des objets du quotidien ou des vêtements de peaux. Et bien évidemment une statuette inuite représentant un ours qui danse.

Le livre, écrit à la première personne, s’adresse à des lecteurs extérieurs au peuple et à la culture inuite, et plus précisément aux kabloonaks, à ces colons blancs qui, comme dans bien d’autres contrées, sont venus déranger la tranquillité des autochtones, et même les maltraiter. C’est ainsi que le narrateur a été arraché à ses parents, et envoyé loin de la Nuna, la terre-mère, afin d’être scolarisé. Avec un certain succès puisque le brillant élève poursuivra des études supérieures et deviendra professeur à la sortie de l’université. Ce qui ne l’empêche pas de penser à son territoire d’origine, et de vouloir y retourner : il va donc entamer un voyage initiatique avec ses chiens de traineau, protégé par le talisman qu’il porte autour du cou, une griffe d’ourse léguée par son défunt père. Objectif : se confronter à cet animal considéré comme le frère des hommes, mais qu’il faut affronter pour passer de l’enfance à l’âge adulte.

Au détour du texte, l’écrivaine évoque aussi deux fléaux qui se sont abattus sur les Inuits : l’alcoolisme et le saturnisme, dû aux cartouches de chasse en plomb.

Mais surtout, le récit, riche en émotions et en rencontres, touche au cœur, bouscule quelques certitudes, et interroge notre rapport à l’autre, à la nature, à l’eau, aux animaux, à notre culture et à nos ancêtres. Entre rêve et réalité. 

L’Ourse qui danse, Simonetta Greggio et Clara Debray (Les Étages Éditions).

 

Journaliste, romancière et scénariste, Simonetta Greggio rend un hommage appuyé à l’ethnographe Jean Malaurie, grand ami des peuples du Grand Nord.
Journaliste, romancière et scénariste, Simonetta Greggio rend un hommage appuyé à l’ethnographe Jean Malaurie, grand ami des peuples du Grand Nord. © GMChieragato
Artiste et illustratrice, Clara Debray apporte ses couleurs flamboyantes au récit.
Artiste et illustratrice, Clara Debray apporte ses couleurs flamboyantes au récit. © Clara Debray

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