Robert Badinter au Panthéon, la justice est un combat
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Jusqu’au 8 mars 2026, l’exposition «Robert Badinter, la justice au cœur» rend hommage, dans la crypte du Panthéon, à l’homme qui fit voter l’abolition de la peine de mort en France en 1981.

Le 9 octobre 2025, l’avocat et ancien garde des Sceaux Robert Badinter rejoignait les «grands Hommes» au Panthéon, temple républicain de la reconnaissance nationale. Son cénotaphe repose désormais dans le caveau numéro 7, aux côtés de trois grandes figures Lumières et de la Révolution française : Gaspard Monge, l’abbé Grégoire et Nicolas de Condorcet, dont il fut le biographe avec son épouse Elisabeth Badinter.
À quelques mètres, dans la crypte du monument, l’exposition «Robert Badinter, la justice au cœur» retrace le parcours familial, professionnel et politique de l’inlassable combattant humaniste, qui fit abolir la peine de mort 44 ans plus tôt, le 9 octobre 1981, cinq mois à peine après l’élection du premier président socialiste de la Vè République.
Chacune des trois sections de l’exposition est placée sous le patronage d’une autre grande figure honorée au Panthéon : Emile Zola, grand défenseur de la justice et de la lutte contre l’antisémitisme -notamment lors de l’affaire Dreyfus- ; Victor Hugo, ardent avocat de l’abolition de la peine de mort ; et Condorcet, penseur de l’égalité et des droits humains.
Au cœur de l’exposition, un écran projette le discours du 17 septembre 1981, quand Robert Badinter plaidait devant l’Assemblée nationale. L’éloquence du nouveau ministre de la Justice se doublait alors de celle de l’avocat. Celui de Patrick Henry, dont il parvint –avec son confrère Henri Bocquillon- à sauver la tête lors d’un procès qui restera lui aussi dans l’Histoire. Mais aussi celui de Roger Bontems que lui et maître Philippe Lemaire accompagnèrent jusqu’à la guillotine au petit matin du 28 novembre 1972. Badinter se promit alors d’accepter de défendre tous les accusés passibles de la peine capitale qui le lui demanderaient.
«Je suis entré au palais de justice par hasard», disait pourtant celui qui rêvait plutôt d’enseigner le droit, ce qu’il fit d’ailleurs à Dijon, Besançon, Amiens et Paris, à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, juste en face du Panthéon. Grand lecteur, féru de littérature, de poésie et de théâtre, Robert Badinter écrivit aussi plusieurs ouvrages, le plus personnel étant sans doute Idiss, poignant hommage à sa grand-mère maternelle.
Juifs tous deux originaires de Bessarabie, ses parents, Simon et Charlotte, se sont rencontrés à Paris, la capitale des Lumières que Simon considérait comme le bastion des droits de l’Homme. Jusqu’à ce que l’occupant nazi ne déchaîne à nouveau la haine antisémite : en février 1943, Simon est arrêté par la Gestapo à Lyon. Déporté à Drancy puis à Sobibor, il n’en reviendra pas.
La lutte contre l’antisémitisme et contre les discriminations en général feront évidemment partie des combats de l’homme engagé en politique. C’est ainsi que le ministre de la Justice dépénalisera l’homosexualité et prendra toute une série de mesures pour rendre la prison plus humaine, tout en accordant davantage de droits aux victimes ; le président du Conseil constitutionnel fera de même en faveur des citoyens.
Robert Badinter, la justice au cœur, au Panthéon jusqu’au 8 mars 2026 (ouvert tous les jours de 10h à 18h, fermé le 25 décembre et le 1er janvier). Plus d’infos.


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