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Le Sénégalais Alune Wade exhume les racines africaines du jazz

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Pour son sixième album solo, le bassiste et multiinstrumentiste de jazz part en quête des racines du jazz. Alune Wade signe avec New African Orleans une magnifique épopée musicale qui revisite au passage quatre standards américains et africains.

Le bassiste de jazz Alune Wade.
Le bassiste de jazz Alune Wade. © Wlad Simitch
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C'est un voyage entre l'Afrique et l'Amérique auquel nous convie Alune Wade. Pour enregistrer son disque, il a sillonné les deux continents. Sénégal, Nigeria, États-Unis... « Je voulais rester au plus près des atmosphères musicales de ces pays », confie-t-il. New African Orleans est à la fois un hommage au jazz de la Nouvelle-Orléans et une quête de sens, celui qu'il faut donner à une musique fusion de rythmes africains et européens. « Lorsque l'on connait l'histoire de la Nouvelle-Orléans, en particulier celle de la "Congo Square", cette place sur laquelle les esclaves avaient le droit de s'émanciper, de danser, de jouer tous les dimanches, on voit que c'est la base de tout. C'étaient les premières jam sessions. Ils ne savaient pas qui était congolais, nigérian ou sénégambien. Ils se retrouvaient tous en communion et ils jouaient. »

La musique qui nait à la Nouvelle-Orléans est donc le produit d'une série de mélanges entre rythmes venus d'endroits variés d'Afrique et d'influences européennes à travers les fanfares et les orchestres militaires. Alune Wade s'amuse à dénouer le fil de la pelote. Il le fait en réinterprétant aussi quatre standards comme « Voodoo Child » de Jimi Hendrix, ou encore « Gris-gris Gumbo Ya Ya » de Dr John, un morceau de 1968 qui fait vibrer le bayou de la Louisiane, sans oublier le « Water Get No Enemy » de Fela Kuti, qu'Alune Wade ralentit jusqu'à en faire une incantation.

Le bassiste et multiinstrumentiste s'y entend pour exhumer les correspondances quasi baudelairiennes entre les musiques juju du Nigéria et celles des orchestres américains. Il est vrai qu'il est allé à bonne école. Fils d'un musicien et compositeur de l'orchestre militaire du Sénégal, Alune Wade fut formé très tôt à la musique, et notamment à la guitare basse. Il a joué avec les plus grands, en particulier avec son idole, l'Américain Marcus Miller,

Son parcours dans le jazz l'a amené à croiser la route des meilleurs éléments de sa génération. La liste des musiciens qui figure sur New African Orleans ferait pâlir de jalousie n'importe quel jazzman. Citons les noms, entre autres, du percussionniste américano-ghanéen Weedie Braimah, du pianiste argentin Léo Genovese et les voix de la Sénégalaise Julia Sarr et de la chanteuse afro-américaine Somi.

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