Beirut retrouve la voix avec son nouvel album «A Study Of Losses»

Le compositeur Zach Condon et son groupe Beirut sortent un nouvel album A Study Of Losses. Une grande fresque faite de chansons et de passages instrumentaux, qui répond à la commande du cirque suédois Kompani Giraff.

Zach Condon du groupe Beirut, 2025. © Lina Gaisser

Beirut est un groupe à l'identité singulière emmené par Zach Condon. Il compose, écrit, arrange et propose des mélodies pas forcément complexes, mais toujours jolies, souvent légères et éthérées, qu'il marie avec la puissance et l'exubérance d'une fanfare balkanique.

C’est ce genre de contrastes qui va donner toute son originalité au groupe, comme l'utilisation d'un ukulélé au milieu d'un orchestre de mariachis. Beirut a ce talent de rendre homogène des mélanges qui a priori ne le sont pas, mais qui produisent une sonorité immédiatement reconnaissable. Par exemple, le morceau « Nantes » sorti en 2007 sur son deuxième album, qui, même si vous ne connaissez pas l'auteur, vous donne l'impression de connaitre déjà le titre.

Un succès mondial depuis plus de 20 ans

Au début des années 2000, le groupe est jeune, les musiciens n'ont même pas 25 ans. Ils sont très sollicités et ne refusent aucun engagement. Ils passent leur vie entre les salles de concert et les aéroports, de Rio à Tokyo en passant par Milan.

Mais cette belle mécanique va s'enrayer, car le rythme est épuisant. Zach Condon qui a peur de l'avion, se retrouve avec une procédure de divorce sur le dos. Et pour couronner le tout, les médecins lui diagnostiquent une laryngite aigüe qui pourrait l'empêcher de chanter définitivement. Un matin en Australie, il se retrouve bloqué au lit à cause d'une dépression sévère. Il termine à l'hôpital. Puis, on n'entend plus parler de lui.

Le retour de Beirut

En 2023, Zach Condon est soigné. Il a retrouvé l'amour et il se pose dans les îles Vesterålen en Norvège, loin du tumulte et de l'agitation. Il se ménage et enregistre un album, seul, sur lequel il joue tous les instruments. En 2024, il accepte la proposition d'un cirque suédois, le Kompani Giraff, spécialisé dans l'acrobatie poétique, qui lui demande d'écrire la musique de son nouveau spectacle A Study Of Losses, un inventaire de choses perdues.

Le résultat, c'est ce disque qui vient de sortir, où l'on retrouve tous les marqueurs de la musique de Beirut. C'est également un album sur lequel Zach Condon innove, puisqu'il s'inspire cette fois de la musique baroque. Après les fanfares balkaniques et les mariachis, c'est un peu surprenant, mais cela souligne à quel point Beirut a l'art des assemblages inattendus.