Le choix musical de RFI

Les Britanniques de Kokoroko célèbrent l'énergie collective avec «Tuff Times Never Last»

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Kokoroko est un collectif mêlant jazz et afrobeat de la diaspora afro-londonienne qui s'est frayé un chemin bien au-delà du public des aficionados du genre. Avec Tuff Times Never Last, leur deuxième album, le groupe étend sa recette signature vers d’autres horizons.

Le septuor Kokoroko
Le septuor Kokoroko © Delali Ayivi
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Si vous ne vous êtes pas encore plongé dans ce nouvel album, peut-être avez-vous déjà croisé la mélodie d'« Abusey Junction ». Un mélange méditatif fusionnant guitares, cuivres, chœur et clavier Rhodes sur plus de 7 minutes, et qui cumule 60 millions de vues sur YouTube. Ce titre est premièrement sorti en 2018 sur We Out Here, une compilation à l’initiative du DJ et producteur Gilles Peterson et enregistrée sous la direction du musicien Shabaka Hutchings. L’idée derrière ce projet était de mettre en avant l’effervescence de la scène jazz anglaise. Depuis, We Out Here est devenu un festival incontournable du paysage britannique et cette scène s’exporte à travers le monde. 

Fer de lance de cette génération de musiciens, le septuor Kokoroko déploie son jazz teinté d’afrobeat tout en explorant d’autres contrées musicales. De la soul britannique de Loose ends et Sade, aux rythmes décalés de J Dilla ou Questlove, en passant évidemment par le highlife ghanéen – on pense à Ebo Taylor, Kokoroko étend sa palette sans jamais tomber dans la facilité. Chaque écoute dévoile de nouveaux détails, de nouvelles facettes d’une production élégante et méticuleuse. Ici, la complexité devient limpide et la densité des arrangements ne vient jamais étouffer cette sensation de légèreté qui fait la réussite de l’album.

Mais derrière cette légèreté apparente, on trouve un propos puissant, résumé dans le titre manifeste que l'on pourrait traduire par « Les temps difficiles ne durent jamais ». Celui-ci fait écho à une révélation apparue au groupe durant l’enregistrement : l’intensité des moments de joie et de célébration prend racine dans la difficulté des épreuves traversées. On retrouve une envie de célébrer, d’amplifier et de canaliser la joie afin de faire face à l’adversité du monde. En urhobo, une langue nigériane, Kokoroko signifie « être fort ». Ici, la force émane du collectif et permet de répondre au bouillonnement de la vie, quels que soient ses aléas.

À l'image du clip de « Da Du Dah » réalisé par Akinola Davies Jr, dans lequel on plonge dans l'enfance des membres du groupe jouant dans les rues de Londres, cet album célèbre la communauté et l’amitié. Ce tout est, par essence, pluriel et indestructible. On remarque au passage que la voix est beaucoup plus présente que sur leur album précédent, Could We Be More, où elle n'apparaissait qu’à partir du 5e titre. Ici, elle est centrale, comme une source de chaleur omniprésente et collective. On retrouve d’ailleurs plusieurs invités, comme la chanteuse Lulu sur « Idea 5 », une ballade enveloppante, le chanteur Azekel sur « Three Piece Suit » et ses roulements de batterie digne du regretté Tony Allen, ou encore Damae et sa nu-soul très british sur « Time and Time ».  

En véritable alchimiste, Kokokoro prend nos peines pour les transformer en joie, déplace nos peurs vers l’espoir. Une musique qui invite donc à recharger ses forces, puis à les répandre tout autour de nous. 

« Just Can’t Wait » est à retrouver dans la playlist RFI, sur nos antennes et sur toutes les plateformes de streaming. Ajoutez-la à vos favoris si vous ne voulez pas manquer nos prochaines sélections !

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