Médiatisation et désinformation autour des traitements du Covid-19
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Les traitements de la Covid-19 continuent de faire l’objet de désinformation. Le phénomène est d’autant plus grave dans les régions où la couverture vaccinale reste faible, et où les populations se retrouvent à la merci d’informations et préconisations douteuses quand elles ne sont pas dangereuses.

Au centre de la polémique, le très médiatique professeur Raoult, invité cette semaine d’une émission grand public à la télévision française pour vendre son dernier livre. Face à un animateur entièrement acquis à sa cause, le médecin de l’IHU de Marseille a défendu le recours à des médicaments qui restent très contestés sur le plan scientifique, concernant la Covid-19, en préventif comme en curatif. Entouré de ses admirateurs, Didier Raoult s’est borné à expliquer que les médicaments en question -hydroxychloroquine et ivermectine- n’étaient pas des poisons puisque déjà employés pour d’autres pathologies que le Covid-19. Mais cet argumentaire ne répond pas au principal reproche qui lui est fait de ne pas avoir pu prouver l’efficacité de ces substances concernant la Covid-19, de manière incontestable. Alors que nombre d’études menées par ailleurs, des essais randomisés, contrôlés et scientifiquement validés, n’ont toujours pas permis d’aboutir à des résultats probants pour ces deux médicaments après des mois et des mois de recherches.
Quel est l’impact de ce discours du professeur Raoult à propos de ces médicaments ?
C’est un discours qui vient à l’appui d’innombrables publications circulant sur les réseaux sociaux, selon lesquels par exemple l’ivermectine auraient fait reculer la pandémie en Inde ou au Japon, ce qui est factuellement faux. Ces infox présentent des graphiques incomplets, des données hors contexte et des déclarations de médecins peu crédibles et contredits par les autorités sanitaires mondiales, européenne, américaine, australienne et chinoise notamment. Quant à l’Inde, elle a recommandé l’hydroxychloroquine, c’était AVANT que le pays ne soit touché par une seconde vague mortelle, et ce sont d’autres mesures qui ont manifestement conduit au reflux de cette vague.
La plupart des publications qui ne jurent que par ces médicaments viennent alimenter les théories conspirationnistes selon lesquelles on omettrait sciemment de traiter les patients pour contraindre les populations à la vaccination, sur fond de conflit d’intérêt, ou même -scénario le plus extrême- pour assurer le contrôle des populations, voir réduire volontairement le nombre d’habitants sur terre. Le professeur Raoult retweet des infox de France Soir par exemple, qui fait la part belle à ce type de théories loufoques.
Il dénonce aussi les conflits d’intérêt. C’est un sujet, effectivement, il n’en manque pas dans l’industrie pharmaceutique. Mais par ailleurs, certains se font beaucoup d’argent avec des médicaments qui en réalité ne donnent pas les résultats escomptés, comme l’ivermectine en Indonésie par exemple.
Peut-on néanmoins affirmer que ces traitements sont sans danger ?
Non c’est doublement faux. Ces médicaments qui ne sont pas validés par les autorités de santé sont souvent pris en automédication avec d’importants risques d’intoxication. Un rapport du New England Journal of Medicine constate une recrudescence des cas d’empoisonnement à l’ivermectine.
De surcroit, les patients qui se dirigent vers ce type de médicaments dits « repositionnés » parce que censés soigner ou prévenir d’autres maladies que la Covid-19, ces patients font souvent l’impasse sur d’autres moyens de protection tels les vaccins.
Au Brésil, une enquête de six mois, menée par une commission spéciale du sénat documente dans le détail les effets délétères du recours à l’hydroxychloroquine et l’ivermectine en lieu et place du vaccin. Des millions de dollars ont été dépensés à cet effet sous l’influence du président Bolsonaro aujourd’hui menacé de poursuites pour sa gestion désastreuse de la crise sanitaire.
Une chronique à retrouver complétée et documentée sur notre site rfi.fr dans la rubrique stop l’infox.
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