Drones russes en Pologne: la guerre hybride s’intensifie
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Dans la nuit du 9 au 10 septembre, près de 20 drones russes ont violé l’espace aérien polonais. Trois appareils ont été abattus, seize ont été retrouvés dans différentes parties du pays. Varsovie dénonce une « attaque sans précédent » et a convoqué une réunion d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU. Sur le front informationnel, cet incident s’accompagne d’une intense guerre des récits.

Une véritable bataille informationnelle se joue actuellement sur les réseaux sociaux autour de cette incursion de drones russes en Pologne. Les récits mensongers se concentrent principalement sur les responsables de cette attaque. À en croire de nombreuses publications mensongères, c'est l’Ukraine qui aurait directement lancé ses engins sur son voisin. Des milliers de posts diffusent la thèse d’une prétendue « attaque sous faux drapeau dans le but d’étendre la guerre à l’ouest ».
En réalité pourtant, les drones retrouvés sur le sol polonais sont bien des modèles russes. Les images d’engins tombés sur le sol polonais, analysées par la cellule Info Vérif de RFI, montrent en effet des drones de type Gerbera. Ces modèles, fabriqués par Moscou, sont assez proches des fameux Shahed-136 iraniens.
Le soir de cette incursion, la Russie avait lancé plus de 450 drones et missiles sur l’Ukraine, ce que Moscou n’a pas démenti. Certains ont traversé l’espace aérien biélorusse avant de terminer leur course en Pologne.
Les récits dominants
Malgré ça, les accusations ciblant l’Ukraine sont particulièrement populaires sur les réseaux sociaux. L’ONG polonaise, Res Futura, spécialisée dans la sécurité de l’information en ligne, s’est penchée sur la viralité des récits dominants à propos de cette incursion.
Résultat, sur environ 32 000 commentaires évoquant les responsables de l’attaque, 38 % l’impute à l'Ukraine. C’est quatre points de plus que pour la Russie. Le rapport pointe ainsi « une forte saturation de récits répétitifs, caractéristiques d'actions coordonnées plutôt que de simples réactions spontanées ».
Désinformer pour terroriser
L’autre narratif en vogue sur les réseaux sociaux, c’est l’imminence d’une troisième guerre mondiale. C’est ce que cherchent à faire croire de nombreuses vidéos publiées en ligne ces dernières heures. L’une d’entre-elle montre une dizaine de navires de guerre, en pleine mer, alignés derrière un porte-avions américain. Le convoi, très impressionnant, est survolé par un escadron d’avions de chasse. Le compte TikTok qui diffuse ces images parle, à tort, d’une scène filmée, ce jeudi 11 septembre 2025, au large de la Pologne.

Vérification faite, cette vidéo est sortie de son contexte. Ces images n’ont rien à voir avec la Pologne. L’alignement des navires de guerre, la présence d’un avion de patrouille maritime japonais Kawasaki P-1, ainsi qu’une recherche par image inversée, montrent qu’il s’agit d’un exercice militaire de l’Otan. Cette démonstration a eu lieu bien avant l’incursion des drones en Pologne.
Nouveau mode opératoire
Cette vidéo décontextualisée n’est pas la seule à semer le doute sur les réseaux. Le détournement d’images d’exercices militaires pour faire croire à une escalade du conflit en Ukraine est devenu un véritable mode opératoire. Ces images, souvent impressionnantes, sont difficiles à vérifier et deviennent rapidement virales. Comme souvent quand on parle de désinformation, ce type d’infox cible directement nos émotions. Le but, ici, c’est de faire peur, de polariser l’opinion publique, et de fragiliser notre résilience informationnelle.
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