Hôpital Al-Ahli à Gaza: le brouillard informationnel plane sur la tragédie
Publié le :
Qui est à l’origine de l’explosion meurtrière qui a frappé l’hôpital Al-Ahli dans la soirée du mardi 17 octobre 2023 ? Trois jours après les faits, les images disponibles en ligne ne permettent toujours pas de répondre à cette question avec certitude. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses publications parlent pourtant d’une frappe délibérée de l’armée israélienne. Un narratif poussé à coup d’infox.

Un débris de bombe serait-il la preuve de la responsabilité israélienne dans l’explosion meurtrière qui a frappé l’hôpital Al-Ahli, à Gaza ? C’est ce que prétend, à tort, une photo qui circule en ligne ces derniers jours. On y voit un groupe d’hommes tenir un imposant morceau de métal posé sur le sol. En zoomant sur ce débris, on peut y lire « Bomb MK 84 » accompagné d’un numéro de série. Ces munitions américaines vendues à Israël sont utilisées en masse pour bombarder la bande de Gaza. Elles sont notamment équipées d’un système de guidage par satellite, aussi appelé J-DAM. Des internautes affirment que ce débris proviendrait de l’engin qui aurait frappé l’hôpital.

Or, vérification faîte, cette photo n’a rien à voir avec l’explosion survenue dans l'enceinte de l’hôpital. Grâce à une recherche d’image inversée, on sait que ce cliché est apparu en ligne avant l’explosion meurtrière. On l’a retrouve publiée sur des comptes X, anciennement Twitter, dès la matinée du mardi 17 octobre, soit plusieurs heures avant l’explosion qui est survenue dans la soirée, aux alentours de 19 h heure locale (16 h 00 GMT).

Des photos de cette même scène sont aussi publiées par l’agence de presse palestinienne, Shebab News, mardi 17 octobre à midi. Elles montrent des civils en train de récupérer un débris de bombe suite à une frappe israélienne dans le quartier de Khan Yunis, à 20 kilomètres de l’hôpital. Cette image est donc sortie de son contexte.
Aucune trace de débris
Jusqu’ici, rien ne montre des débris de projectiles retrouvés sur le site de l'hôpital Al-Ahli. Sur les lieux de l’explosion, les images publiées sur les réseaux sociaux permettent de distinguer un seul impact de faible profondeur sur le parking de l’hôpital. Le sol est noirci, une vingtaine de véhicules civils sont calcinés autour. Certaines vitres de l’hôpital sont cassées, des tuiles sont arrachées mais la scène ne montre pas des dégâts consécutifs à un bombardement aérien tel qu’on a pu en observer depuis le début de la guerre.

Si rien n’atteste jusqu’ici de la responsabilité israélienne, la thèse de la défaillance d’une roquette tirée depuis Gaza est-elle plausible ? C’est la thèse défendue depuis le début par l’armée israélienne. À la date d'écriture de cet article, l’analyse des images ne permet pas d’écarter cette hypothèse. Les événements s’étant déroulés dans une zone contrôlée par le Hamas, seul le mouvement islamiste serait en mesure de fournir des éléments de preuve. Les images ne permettent pas non plus de confirmer le lourd bilan humain, avancé par le Hamas, de presque 500 morts.
Un emballement médiatique ?
Sans preuves concrètes, pourquoi le récit du Hamas a-t-il été aussi vite repris par les médias ? Cette question, de nombreux internautes se la posent légitimement. Pour essayer de trouver une explication, il faut rappeler l’importance du contexte. Depuis l’attaque du Hamas sur Israël, plus de 2 000 civils sont morts sous les bombes israéliennes dans la Bande de Gaza. Israël ayant décidé de couper Gaza de tout approvisionnement, cette situation a suscité une vive émotion partout dans le monde, ce qui a sans doute créé un biais au détriment de la réalité des faits.
Cela peut être une des raisons pour laquelle des accusations sans preuves se sont propagées dès les premières heures du drame. Il est important de rappeler que sans enquête indépendante sur le terrain, il est actuellement impossible de dégager avec certitude les responsabilités de chacun.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne