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Antoni Lallican, photoreporter tué par un drone dans le Donbass

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Un hommage lui sera rendu ce samedi à Bayeux, lors de la remise des prix des correspondants de guerre. Antoni Lallican a été tué, la semaine dernière, par un drone dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Ce photoreporter de 37 ans est le quatrième journaliste français à avoir perdu la vie dans ce conflit. Une nouvelle mort tragique qui met l'accent sur les difficiles conditions des journalistes sur les terrains de guerre.

Le photojournaliste français Antoni Lallican tué dans une attaque de drone en Ukraine
Le photojournaliste français Antoni Lallican tué dans une attaque de drone en Ukraine © REUTERS - POOL
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Une femme âgée caresse un chat dans un abri de fortune, des soldats à l'air grave s'octroient une pause cigarette à la frontière du Haut-Karabakh, des migrants tentent de traverser à pied les Alpes enneigées... L'humain était au centre des photos d'Antoni Lallican. « C'était quelqu'un qui était très sensible à ce qu'il voyait. Ce n'était pas quelqu'un qui allait sur le terrain pour prendre sa photo et puis partait. Il avait à cœur d'aider les gens qu'il voyait, il prenait souvent des nouvelles », raconte son amie, Manon Chapelain, correspondante de RFI en Syrie. « Antoni c'est quelqu'un qui était une référence pour nous, parce que ça faisait, en tout cas pour moi, plus longtemps qu'il travaillait sur des terrains sensibles. C'était quelqu'un à qui on arrivait à beaucoup se confier quand on revenait d'un terrain difficile et qu'on était un peu chamboulé, il avait toujours les mots justes pour en parler et il était très à l'écoute ».

Un journaliste expérimenté et respecté

Les proches d'Antoni Lallican le décrivent comme un journaliste expérimenté et précautionneux. Le contraire d'une tête brûlée. Rafael Yaghobzadeh est lui aussi photojournaliste. Il couvre depuis longtemps le conflit en Ukraine et était l'ami d'Antoni. « Antoni malheureusement est le troisième collègue qui ne revient plus du Donbass en l'espace de dix ans. En 2014, j'ai eu un premier ami italien, Andrea Rocchelli, qui est mort à Slaviansk. Il y a eu aussi Arman Soldin de l'AFP. Pour me préserver et en étant pas mal entouré de fantômes dans cette région, je ne me suis pas concentré sur cette région, mais j'étais ravi que d'autres comme Antoni s'engagent et s'investissent à couvrir ce qui se passe dans le Donbass ».

De nouveaux dangers pour les reporters en Ukraine

Toutes nationalités confondues, 14 journalistes ont été tués en Ukraine depuis 2022. Ceux qui continuent de travailler dans la région doivent faire face à un nouveau type de danger : les drones, comme celui qui a causé la mort d'Antoni Lallican. « Des drones FPV, qui sont de petits appareils télécommandés avec un opérateur qui transportent des charges explosives », indique Pauline Marchais, chargée de mission Ukraine pour l'ONG Reporters sans frontières. « Cette attaque de drone ciblée, qui est une attaque odieuse, elle a eu lieu à 20 km de la première ligne de front. Les risques pour les journalistes c'est que ces frappes soient beaucoup plus en profondeur et plus uniquement sur la ligne de front ».

Ce nouveau type de menace peut-il pousser les journalistes à se détourner du terrain ukrainien ? « C'est sans doute l'un des objectifs visés par la Russie : de dissuader une couverture médiatique », répond Pauline Marchais.

Reporters sans frontières et les amis d'Antoni Lallican insistent pourtant : les médias doivent continuer de couvrir le conflit ukrainien. En offrant à leurs journalistes toutes les garanties de sécurité possible.

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