Politique, le choix de la semaine

Christophe Castaner a-t-il trouvé sa place?

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L’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner fait un retour discret mais remarqué au premier plan. Sorti par la petite porte du gouvernement, il refait surface. 

Christophe Castaner testé positif au coronavirus 
le 26 octobre 2020.
Christophe Castaner testé positif au coronavirus le 26 octobre 2020. © AFP
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C’était l’un des grands perdants du dernier remaniement en juillet. Écarté du ministère de l’Intérieur auquel il avait tant rêvé, et même écarté tout court du gouvernement, en un mot : désavoué. Lui, l’ancien socialiste, rallié de la première heure, pilier de la campagne présidentielle et très proche d’Emmanuel Macron.

Christophe Castaner était sorti lessiver de la crise des gilets jaunes et n’avait ensuite jamais réussi à s’imposer place Beauvau, accusé par les uns de nier les violences policières, et par les autres de ne pas assez soutenir les policiers. En septembre, il a réussi malgré tout à rebondir en se faisant élire à la tête la Présidence du groupe La République en marche à l’Assemblée.

Profil bas

Depuis lors, silence radio. Il faisait profil bas. Mais, en coulisses, il a fait son trou. « Il est peu présent dans les médias, il se concentre sur sa maison », explique un cadre du groupe. Comme lui, beaucoup de marcheurs se disent satisfait de ce qu’il fait. C’est extrêmement rare pour être signalé ! Car être le chef de file du groupe majoritaire est l’une des missions les plus ingrates de la Ve république et, en particulier, être le chef de file des marcheurs : près de 300 élus au profil très divers et issus d’un mouvement sans structuration politique. Les divergences sont permanentes et les critiques contre leur chef incessantes.

Or, depuis quelques semaines, cette petite musique change : « Les marcheurs se sentent mieux dans la majorité avec lui », constate un ministre. « Castaner joue intelligemment » renchérit un élu. Ce qu’aiment les députés macronistes ? Sa « capacité d’écoute » et sa volonté de défendre la position des marcheurs, qui n’est pas toujours la même que celle du gouvernement. C’est tout l’inverse de ce qui se disait de son prédécesseur Gilles Le Gendre.

Au pied d'une montagne

Christophe Castaner a peut-être enfin trouvé sa place. Ces derniers jours, il a marqué des points dans ses rangs en trouvant une solution pour sortir de la crise sur l’article 24 de la proposition loi sécurité globale. C’est son successeur au ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a encaissé la défaite.

Le plus dur est cependant devant lui. Christophe Castaner est au pied d’une montagne : le très sensible projet de loi confortant le respect des principes de la République adopté mercredi en Conseil des ministres et examiné à l’Assemblée nationale début 2021. Beaucoup redoutent une bombe à fragmentation. « On peut s’encalminer » craint un ministre.

Pour la droite, le texte n’est pas assez dur contre l’islamisme radical, pour la gauche, il stigmatise les musulmans. Entre les deux, les députés de la majorité, pas du tout alignés sur les questions de laïcité, pourraient à nouveau étaler au grand jour leurs divisions. Christophe Castaner va devoir tenir ses troupes pour ne pas que cela ne tourne à la cacophonie. La proposition de sa collègue Aurore Bergé d’interdire le voile pour les petites filles donne un avis goût de ce que pourrait être le débat parlementaire, si chacun y va de sa petite idée. L’épreuve du feu de Castaner est pour bientôt.

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