Présidentielle 2022: Emmanuel Macron peut-il vraiment capitaliser sur l'Europe?
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Au 1er janvier 2022, la France prendra la présidence tournante de l’Union européenne pour six mois. Emmanuel Macron espère en faire une rampe de lancement de sa campagne pour la présidentielle qui aura lieu dans un an. Mais pourra-t-il réellement tirer profit politiquement de cette séquence ?

Cela fait très longtemps qu’Emmanuel Macron a coché cette date sur son calendrier. Il est persuadé qu'il peut tirer profit de cette présidence tournante de l’Union européenne qui, hasard du calendrier, tombera en pleine campagne pour sa réélection. Macron, président de la France et en même président de l’Europe, un atout évident face à ses adversaires, une tribune offerte sur un plateau, comme lors d'un discours le 19 janvier 2022 devant le Parlement européen où il pourra dérouler sa vision et ses pistes de réformes.
Remobiliser les pro-Européens
Pour Emmanuel Macron, c’est une aubaine dans le cadre de sa campagne car son combat pro-européen est l’une de ses forces. Les enquêtes d'opinion le montrent : c'est un marqueur politique bien identifié et qui le différencie de ses opposants. C'est l'occasion de « remobiliser ses soutiens, et au-delà de fédérer tous les pro-européens derrière le Président », explique l'un de ses stratèges.
L’idée serait d’aller chercher des électeurs – notamment à gauche - qui se sont détournés du chef de l’État mais qui reconnaissent son volontarisme sur la scène européenne. Pour atteindre ce but, une association intitulée « pour une renaissance européenne » vient d’être créée. Elle agira - en parallèle du parti présidentiel - pour mobiliser des militants et mener des campagnes et faire connaître le bilan et les propositions d’Emmanuel Macron.
Présenter des résultats
Mais pour capitaliser sur cette présidence, le chef de l’État devra aussi présenter des résultats concrets aux Français. C’est pour cela que le ministre aux Affaires européennes, Clément Beaune, planche sur des propositions de réformes. Il voudrait notamment assouplir les règles du pacte de stabilité qui fixe des limites de déficits et d’endettement et qui a été rendu caduc par la crise sanitaire. Autre proche d’Emmanuel Macron, l’eurodéputé Stéphane Séjourné travaille lui pour que des réformes aboutissent au Parlement européen au premier semestre 2022, comme celle sur la lutte contre la haine en ligne, dans le but là-encore de prouver que l’Europe avance.
Sur la défensive
Le plan sur le papier est déjà bien esquissé. Mais Emmanuel Macron ne fonde-t-il pas trop d’espoir sur cette présidence européenne ? Plusieurs raisons incitent à la prudence. D'abord, parce que les questions européennes pèsent bien moins que d'autres dans le choix des électeurs au moment de glisser leur bulletin dans l'urne, même si l'on a vu lors de la dernière présidentielle que la question du retrait ou non de l’euro avait joué un rôle important dans la défaite de la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen. Ensuite, parce qu'obtenir des résultats concrets en quelques mois de présidence est incertain, les tractations européennes pouvant durer plus longtemps que prévu.
Enfin, parce que politiquement, il sera difficile de séduire les Français sur un discours pro-européen alors que, depuis le début de la pandémie, l’Union européenne a subi d’importants revers. Son retard à l’allumage dans les commandes de vaccins a entraîné des comparaisons peu flatteuses avec les campagnes vaccinales menées aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs reconnu le 24 mars, en soulignant que l'UE avait « manqué d'ambition ». Cela place le chef de l'Etat, étiqueté pro-européen, sur la défensive. Les proches du président reconnaissent ses difficultés, l’un d’eux se dit « lucide » sur le fait que cette présidence française ne sera qu’ « une dimension parmi d’autres de sa campagne ».
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