La guerre en Ukraine avait profondément divisé la gauche et les écologistes à l’occasion de l’élection présidentielle 2022, elle pourrait bien être de nouveau la pomme de discorde aux élections européennes. Alors qu’un débat sur le sujet doit se tenir la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, socialistes, écologistes, communistes et insoumis sont à couteaux tirés sur ce dossier.

« Va-t-en-guerre » d’un côté, « pacifisme de la honte » de l’autre, voilà des jours que les positions se crispent en effet dans l’ex-Nupes à propos de l’Ukraine. À l’origine de cette flambée de tensions, plusieurs déclarations : celle de la tête de liste socialiste Place publique, Raphaël Glucksmann, demandant la mise en place « d’une économie de guerre » en Europe pour aider les Ukrainiens, ou celle de Jean-Luc Mélenchon priorisant la paix avant tout et s’interrogeant sur la réalité de la menace russe.
Ce fossé, il n’est pas nouveau, il avait même donné lieu à un pugilat durant la présidentielle, mais la perspective des élections européennes l’a fait réapparaître. Car au-delà de la divergence de fond, réelle, la stratégie politique n’est jamais bien loin. Pour le patron des socialistes, Olivier Faure, cette élection est avant tout un scrutin de conviction, il n’y aura pas de vote utile poussant les électeurs à mettre leurs réticences de côté comme pour la présidentielle. Côté PS, l’analyse est donc que le positionnement jugé ambigu de La France insoumise (LFI) vis-à-vis du conflit va lui faire perdre des voix et qu’il faut donc faire entendre sa différence.
À lire aussiEmmanuel Macron et l'Ukraine: les européennes en ligne de mire
Les insoumis font confiance à leurs électeurs
Le député Hadrien Clouet analyse les choses différemment : il rappelle que les intentions de vote en faveur de la socialiste Anne Hidalgo à la présidentielle ont commencé à chuter après qu’elle s’en soit pris violemment à Jean-Luc Mélenchon sur la question de l’Ukraine.
Il prédit le même destin à Raphaël Glucksmann si la campagne se focalise sur ce sujet : « il est trop atlantiste, trop pro Américain pour les Français. » « Les grands discours pacifistes, c'est bien » réplique-t-on dans le camp du candidat soutenu par le PS, « mais insoumis et communistes ne comprennent pas que Poutine et Zelensky ne veulent pas négocier. »
Une division qui inquiète les écologistes
Si deux camps semblent se faire face, insoumis et communistes d'un côté, socialistes et écologistes de l'autre, ces derniers craignent que la division entraîne un affaiblissement général de l'ex-Nupes. « Taper sur les voisins de gauche, ça ne marche jamais », avertit ainsi Julien Bayou. Le député écologiste veut lui croire à des terrains d’entente.
Il a ainsi proposé la saisie des avoirs russes en Europe pour financer l’aide à l’Ukraine. Plutôt consensuel sur le papier. Mais si sa proposition de résolution a recueilli le soutien de 140 députés en dehors de la gauche, aucun insoumis ne l’a pour l’instant signée.
À écouter aussiEuropéennes: les têtes de liste presque toutes au rendez-vous du World Impact Summit
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne