L'attaque de la Moncada, l'acte fondateur de la révolution cubaine menée par Fidel Castro
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« Quand l’histoire bascule », c’est une série spéciale de RFI. Tournant géostratégique, révolution technologique, effondrement politique, bouleversement culturel… Pendant les deux prochaines semaines, tous les matins, on revient sur quelques événements majeurs qui ont fait basculer l’histoire du monde depuis 1945. Aujourd’hui, direction Cuba : le 26 juillet 1953, c'est le premier acte de la révolution cubaine, menée par Fidel Castro. Son objectif : chasser le dictateur Batista du pouvoir. Ce jour-là, il lance une attaque contre la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. L’opération échoue, mais de cette défaite naît un mythe qui perdure jusqu’à aujourd’hui : celui du « Comandante Fidel ».

Il est 5h15, le soleil commence tout juste à se lever. Environ 130 jeunes révolutionnaires se préparent à attaquer la caserne de la Moncada, deuxième bastion militaire du régime Batista. À la tête de ce groupe mal armé, un jeune avocat de 26 ans : Fidel Castro. Son plan paraît fou : il veut tout simplement renverser Fulgencio Batista, arrivé au pouvoir un an plus tôt par un coup d’État. « Nous pensions essayer de provoquer un soulèvement national pour renverser Batista. Dans le cas où ce soulèvement ne serait pas possible ou dans le cas où Batista réagirait avec des forces supérieures pour nous attaquer ici, à Santiago de Cuba, notre idée, c’était de prendre les armes de la caserne Moncada, de marcher vers les montagnes et de mener une guerre de guérilla depuis les montagnes ».
Fidel Castro mise sur l’effet de surprise. Mais le plan échoue. Une patrouille placée devant la caserne – que les révolutionnaires n’avaient pas anticipée – découvre le complot. Fidel Castro s’en souvient. « J’étais en train de conduire la voiture. J’avais mon fusil et mon pistolet. Quand je vois qu’ils pointent leurs armes, je pense à m’arrêter, à ouvrir la porte et à neutraliser les deux types. Mais avant que j’aie fini d’ouvrir la porte, ils se rendent compte de quelque chose et tournent leurs armes vers nous ».
« Vous pouvez me condamner… Mais l’Histoire m’absoudra »
Les soldats ouvrent le feu sur les révolutionnaires, tuant plusieurs d’entre eux. Des dizaines d’autres sont arrêtés et tués dans les jours suivants. Fidel Castro lui est emprisonné. Son procès devient légendaire. Notamment grâce à cette phrase devenue célèbre :« Vous pouvez me condamner… Mais l’Histoire m’absoudra ».
Un an plus tard, Fidel Castro est libéré, à la faveur d’une amnistie générale. Depuis la Sierra Maestra, il poursuit la lutte contre le régime de Batista. En janvier 1959, à la tête d’une armée de guérilleros, il entre dans La Havane et prend le pouvoir pendant presque un demi-siècle.
L’attaque de la Moncada, quoiqu’un échec cuisant, entre dans l’histoire. Le 26 juillet devient même la journée officielle de la révolution. Chaque année, elle est célébrée en grande pompe… Comme en 2010, par Raúl Castro, le successeur de Fidel à la présidence et qui avait, lui aussi, participé à l’assaut de la caserne. « Aussi grands que soient nos défis, notre peuple défendra toujours la révolution socialiste. L’Histoire a montré : oui, c’était possible, c’est possible, et ce sera toujours possible ! »
Et Fidel Castro, que pense-t-il de son plan avec le recul ? Plus de 40 ans après, il s’exprime dans une interview à la télévision cubaine. Tout en admettant que l’attaque était risquée, il ne reconnait cependant pas d’erreur tactique. « Le plan était parfait, à mon sens. Si c’était à refaire, on ferait exactement la même chose ».
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