Quand l’histoire bascule

Le 6 août 1991, le jour où le web est né

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Quand l’histoire bascule, c’est une série spéciale de RFI. Tournant géostratégique, révolution technologique, effondrement politique, bouleversement culturel… Pendant deux semaines, tous les matins, on revient ensemble sur quelques événements majeurs qui ont fait basculer l’histoire du monde depuis 1945. Retour aujourd’hui en 1991 sur les débuts, très discrets, d’une technologie qui a marqué le passage au XXIe siècle. Le web, ce réseau de liens qui permet – grâce à un navigateur – d’accéder à des documents, des photos, des vidéos, va démocratiser l’utilisation d’internet et des ordinateurs sur toute la planète. Mais cet été-là, les scientifiques étaient loin d’imaginer la portée de leur invention.

Cette photo prise le 30 avril 2013 à Genève montre une copie de 1992 de la première page web du monde.
Cette photo prise le 30 avril 2013 à Genève montre une copie de 1992 de la première page web du monde. © AFP - FABRICE COFFRINI
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6 août 1991, dans une petite salle au cœur du prestigieux centre de recherche nucléaire européen, le Cern, à Genève, en Suisse, c’est ici que Tim Berners-Lee, un physicien passionné d’informatique, publie la première page web. Robert Cailliau, son collègue, se souvient. C’était au micro de RFI en 2008 : « Un soir, après le travail, en buvant une bière sur la terrasse, il faisait chaud, on a décidé "World Wide Web"... C'est-à-dire que c’est Tim, Tim Berners-Lee, qui avait dit ça et moi, j’ai dit : "Oui, c’est bien. Bon, provisoirement, on peut utiliser ça". Bien sûr, une fois que les gens ont pris l’habitude de taper "WWW" devant tout et bien, on ne peut plus changer. »

Tim Berners-Lee, l'inventeur du World Wide Web.
Tim Berners-Lee, l'inventeur du World Wide Web. © Cern

L’objectif : faciliter la vie des chercheurs en mettant à leur disposition une grande bibliothèque scientifique, disponible 24h/24. Dans la foulée, d’autres laboratoires scientifiques créent leur site. Et en septembre 1992, deux chercheurs du CNRS lancent la première page web française. Daniel Charnay se rappelle ce jour, pas si spécial. « Je crois que c’est Robert Cailliau, qui était la deuxième personne qui travaillait avec nous, qui vient chez nous avec une disquette dans la poche, en nous disant : "Il faut mettre un site web chez vous, c’est important". [...] La première page web, on a mis cinq minutes pour la faire ! On ne savait pas que c’était la première, ni que c’était quelque chose d’important. »

Très vite le web gagne en popularité

À l’époque, personne n’imagine que le web est en passe de devenir une technologie révolutionnaire. Même pas Xavier Niel, patron de l'opérateur Free et futur inventeur de ce que l’on appellera la « box internet ». Il s'est confié pour RFI. « Alors, la première page web que j’ai visitée, c’était un article de recherche scientifique en anglais. Autant vous dire que je n’ai strictement rien compris. Et quand je l’ai vu, je me suis dit : "Franchement, ce truc ça ne marchera jamais." Déjà internet, ça ne peut pas marcher, mais alors le web, qu’est-ce que ça va apporter ? Il n'y a aucune chance qu’un jour ça touche le grand public. Bon évidemment, comme souvent, je me suis planté. »

Au milieu des années 1990, la progression du web est fulgurante, bien au-delà de ce que les pionniers imaginaient. « J’allais voir ma fille aux États-Unis et j’ai vu, dans une petite ville de Californie ou d'Oregon, je ne sais plus, une quincaillerie où il y avait une adresse web. C’est là que j’ai vraiment mesuré qu’on avait quelque chose qui allait marcher et révolutionner la communication », raconte Daniel Charnay.

Trente ans plus tard, on estime que deux tiers de la population mondiale utilisent le web. Et une nouvelle révolution numérique est déjà en marche : celle de l’intelligence artificielle, qui pourrait, à terme, remplacer les moteurs de recherche.

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