Nigeria : l’accès à la santé dans les camps de déplacés (2/2)
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Dans l’État de Benue, au centre-est du pays, près de 50 000 déplacés internes s’entassent dans des camps surpeuplés autour de la ville de Makurdi. Les victimes des conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs sont en fait bien plus nombreuses dans cette région, qui concentre le plus grand nombre de déplacés après l’État de Borno, en proie à l’insurrection jihadiste au nord-est du Nigeria.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, de très gros efforts ont été entrepris, notamment pour l’Unicef, pour permettre un meilleur accès à l’hygiène de base pour ces populations vulnérables. Mais force est de constater que le paludisme reste un fléau bien plus menaçant que le nouveau coronavirus.
Dans le district de Guma, tout proche de la frontière entre l’État de Benue et celui de Nassarawa, les camps qui accueillent les agriculteurs déplacés sont surpeuplés et l’aide humanitaire reste limitée.
Médecins sans frontières (MSF) intervient notamment dans le camp de Mbawa, dans lequel vivent près de 7 000 personnes. Lynn Van Beek est coordinatrice de projet pour l’ONG. Elle est arrivée sur place au mois de mai, en pleine pandémie de Covid-19. « Nous avons été bien freinés dans notre travail, c'est sûr, déclare-t-elle. Nous avons dû redéployer nos personnels. Il est devenu difficile de recevoir des médicaments, donc nous avons dû les partager entre les différents projets de MSF. La population, elle, a été assez réceptive au message, qu’il y avait une pandémie, qu’il fallait prendre des mesures d'hygiène. Mais ici, la distanciation sociale est une pure illusion. »
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Malgré ces difficultés, aucun cas de Covid-19 n’a été recensé dans ce camp où les patients suspects sont régulièrement testés selon la jeune femme.
De 20 à 30% des consultations réalisées sont en revanche liées au paludisme, selon le docteur Sunday Owuna, qui explique : « C’est une maladie endémique et de nombreux enfants de moins de cinq ans meurent toujours du paludisme. Souvent parce qu’ils sont emmenés trop tard à la clinique, et ils ont déjà développé des complications liées au paludisme. »
Dans son rapport annuel publié fin novembre, l’OMS s’inquiète du recul de la lutte contre le paludisme, qui a fait 400 000 morts l’an dernier. En 2019, le Nigeria concentrait à lui seul plus d’un quart des quelques 229 millions d’infections à travers le monde.
Victoria sait à quel point il est difficile de se protéger du paludisme, qui tourmente ses cinq enfants. « Nous avons des moustiquaires dans nos tentes et nous essayons de mettre nos enfants dessous la nuit, explique-t-elle. Mais parfois, ils en sortent ou bien ils tombent malades malgré tout. C’est vraiment fréquent : trois de mes cinq enfants ont attrapé le paludisme récemment. Ils ont été emmenés à l’hôpital à temps donc ils ont pu être soignés. »
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Mais il n’y a pas que le paludisme qui tue. Ce matin-là, dans le camp de Daudu 3, un représentant du gouvernement local supervise une campagne de vaccination contre la fièvre jaune, qui a resurgi mi-novembre dans quatre États nigérians. « On doit vacciner 200 personnes dans ce camp aujourd’hui, détaille-t-il. Il y a eu une épidémie mystérieuse et après enquête, on a découvert que c’était la fièvre jaune donc on vaccine la population à partir de neuf mois et jusqu’à 45 ans. »
Selon le Centre national de contrôle des maladies, au moins 76 personnes sont mortes de la fièvre jaune dans le courant du mois de novembre, au Nigeria.
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